
« Souple » recueil de Charles-Éric Charrier vient de paraitre aux Editions Unicité. On y retrouve cette langue pétrie d’éclats du quotidien, mêlés à des pensées, de simples observations, qui font poésie sans la chercher. Elle apparait comme une évidence. Entre des silences et des regards posés. Entre une écriture plongée dans le réel et ses échappées abstraites ou étranges. Là, précisément, où la langue perd pied pour s’inventer littéralement. Et se fondre dans le flux d’une vie intérieure, contemplative et sur le-qui-vive. Se laissant envahir par le temps qu’il fait, comme par une foule de détails environnants, qui transcendent, mine de rien, l’instant. Le chargeant d’une singulière et fascinante présence au monde.
La puissance d’évocation des textes de Charles-Éric Charrier provient de cette association constante de sons et de formes, de chair et de spiritualité. Une association qui se révèle, au fil des lectures, inhabituelle, déroutante mais toujours juste. Signant une écriture poétique forte. Mais surtout neuve. Unique. Comme si Charles-Éric Charrier, en musicien et peintre qu’il est, retrouvait à chaque texte, ce qui préexiste dans le langage. Ce qui s’y est déposé. Décelant les signes intemporels partagés avec la musique et les images.
Extrait :
ORATORIO DU PAUVRE
Ce corps est un peu fatigué
Et cet esprit calme
Au moment du pont
Que dire ! Oui la chaleur par le souffle
Translucide
Les mains âgées de maman et parfois sa voix
Clarté limpide
Extatique, le dos droit… La mer
Fin août et la lumière rase
Oratorio en deux mouvements
Et le pont entre eux
Des pigeons
D’une ruine à un bâtiment neuf