Pelote tardive
Étire ton fil sous l’Ecosse
Sonore des sirènes
Qui brûlent
Cent Sopranes aux seins glorieux
Et parfumés
Dessus la fosse docile à leurs ordres
S’emparent de la baguette
Du chef

Le temps sourd et sans ressort,
Vieil ami de la lyre,
N’y peut plus rien mêler
Parfois seulement
La tiédeur d’une larme
A l’heure où la vie vue vaut moins qu’un rêve
Surtout s’il est bien ambigu
Dans les voiles et la douceur
D’un mensonge déguisant
L’amertume
Et la fin qui vient
Derrière le masque l’ange annonce ainsi
Le bord du temps dans un murmure
Des bémols dans l’armature

Tu n’y comprends rien
Pauvre ami des arts
Tu voudrais encore
Te saisir du réel
Dans le vieux théâtre
Épouser la poitrine des cantatrices
Qui sourient d’être pleines
De souffle et d’aise
Prendre ta part de leur haleine de sang chaud
De leur fougue matoise qui te trouble tant
Surtout cette brune à beaux rebonds dans le ré dièse
Et son sourcil absolu
Si contente d’elle-même

Ton fil s’étire, il est trop tard
Vieux pleutre
Mais tu sais bien
Tu goûtes toujours le spectacle de leurs fêtes
Tu voudrais t’y confondre
Ton fil s’étire et tend sa ligne à leurs échos
Et pour une autre annonce

Ton corps est un désert
Désormais
Et ton cœur
Un tunnel
A courants d’air
Qu’inspirent
Des constellations calmes

Laisse-toi gagner par la plus haute note
Et tant pis
Ne touche plus à rien
Tant pis

Tu le sais, vieil ami des arts
On ne se saisit de rien
Le temps est un songe
Et ce théâtre n‘existe pas

Texte : Eric Macé