Corps malade de n’être que la mémoire
De tant d’histoires vécues
Ils finiront pourtant bien par voir
Que de mots ni de gestes, je n’ai plus
Mon verbe ne sait plus dire
Ce qui cogne dans mon corps
Au fond il n’est de pire désordre
Mon verbe est plein de bleus
Qui Jamais ne s’évanouissent
Absurdement, il laisse en friche
Une liberté sans la triche
Pas trop de mots, pas trop de gestes
Comprenez-moi dans l’essentiel
Je dirais en préliminaire
Qu’il y a d’énormes courants d’air
Des coups que l’on ne rend
Des rideaux de fer
Qui découvrent autant de bras de fer
Qui se perdent dans mon amour-propre
Ils finiront bien par voir
Que de mots ni de gestes, je n’ai plus
Les saillies me sont défendues
Si vous saviez comme je me sens
Comme s’il pleuvait sur la buée de mes larmes
Sur le fer rouillé de mes armes
Ces vapeurs océanes ne me valent que des pannes
Comme s’il pleuvait sur la buée de mes larmes
Comme une ronde d’enfants sans couleur
Comme un champ de lavande sans odeur
Comme une langueur tsigane sans le bruit de mon âme
Ces vapeurs océanes ne me valent que des pannes
Ils finiront bien par voir
Que je n’ai plus de mots,
Que je n’ai plus de gestes
Sans parodie nuptiale
Sans le bruit de mon âme

Texte/Illustration : Catherine Watine