Je prie mes doutes
De bien vouloir m’excuser
Mais j’ai mieux à faire
*
L’homme sage ne cherche
Aucune activité
Liée à la lutte.
Ceci fut dit
Par un certain Epicure.
Cette journée qui s’offre à moi
Est éloquente.
Pour mon ami Mahdi,
Vivre caché revient à se cacher de vivre.
C’est peu ou beaucoup dire !
Ce que j’aime le plus chez lui
Sont ses yeux lourds,
Son Bartlebysme,
Et son grand épuisement d’avoir vécu.
*
Je promène sur David, le serveur
Un regard admiratif et envieux.
Il est en forme, membres, dos, et moral,
La légèreté le revêt
Et il a mon âge,
Moi l’avachi qu’on appelle l’artiste,
L’homme au chapeau en surpoids,
Dont la compagnie est appréciée et recherchée par certains.
Je fais figure de style de ma personne,
Quand bien souvent ce que je me figure de moi
Est une ombre épaisse, lourde de sentiments,
Trop consistante d’émotions,
Et dont la coiffure Stetson que je porte sur la tête
Innocente ou coupable, c’est selon,
Est l’unique chapeau que j’accepte de porter.
*
Il y a sortilège dans l’air.
Traduire mes sentiments ne revient-il pas
A trahir leur impermanence ?
Les figer va contre l’idée
Que tout est mouvement,
Ou croit l’être,
Car si l’écriture est un acte de liberté,
Qui pense aux mots qui se font détenir ?
*
Va pour le nihilisme, va pour l’évangile !
Lassitude de passer de l’un à l’autre,
De ne pas choisir mon camp
Et m’y installer une bonne fois pour toutes !
Mais nulle hypocrisie chez moi,
La sincérité qui n’est pas vérité
Est dans les deux cas de figure,
Toujours corrigée par
Les uns ou les autres,
Comme autant d’us et coutumes.
*
L’instant peut disposer de moi,
C’est bien volontiers que je lui cède le pas.
Pour ma gouverne,
Je ne dirai jamais assez combien j’aime fumer,
A la marge de tout ce qui contraint.
Ceci ne se veut pas la pensée d’un homme éclairé,
Mais éclairera ma pensée.
Texte : Fabien Sanchez