
Un garçon- chrysalide
cristal du cœur des mères
dans l’appartement
un homard dirait-on
comme dans un livre de la bibliothèque
que je consultais à l’âge pareil de 13 ans
le livre était pourtant du côté des adultes
le complexe du homard je comprenais pas très bien
un homard une chrysalide croise une autre transformation
l’autre versant de la fleur
ou la descente de la montagne
celle qui abîme les genoux affaiblit les rotules
ou la montée le long plat avant l’arrivée à la maison
ou juste la suite le continu le mouvement
devant la salle de bain
Garçon – Chrysalide s’enroule dans sa couette
le temps d’une mue
l’édredon de son lit
l’édredon de son canapé lit
l’édredon du lit de sa maman
Garçon-Chrysalide aux longues jambes
aux bras si fins des tiges de tournesol
des baguettes asiatiques
des branches d’arbres d’hiver
des muscles invisibles préparent leur envol
imberbe pousse pousse les membres
fatigué de cette mutation d’insecte
du dedans le garçon s’essouffle vite
il dort de plus en plus
Osseux de partout
se nourrit de semoule et de pain
de soupe aux vermicelles
exclusivement
des bonbons pas trop
des dents grillagées transforment son sourire
en clôture de poneys
dans son corps croise
la naissance et la renaissance
À la porte du miroir
il rencontre
la femme fleur
la femme oiseau
la femme ours
la femme mère
la femme végétale
un ordre croissant vers le ciel
ou la poussière
ou la cendre
ou la terre
ou la mer
la femme vie
qui veut dorloter la chrysalide
l’ombre dont elle a besoin pour faire sa mue
femme resserre ses pétales
sur son corps
l’eau s’évapore
s’assèche au soleil
elle aussi
cherche l’ombre dans l’appartement
des bourgeons dans la sève
des distorsions imaginaires
de perspectives
l’eau court dans les veines
envahit le sang
les globules blancs s’effondrent
les cris la pâleur
les sursauts de croissance
un retour un allé
il va pouvoir avoir des enfants
elle ne va plus pouvoir en avoir
unique
elle fait du jus d’orange
elles sont vieilles
vieilles de plusieurs semaines
la peau toute sèche
elles ont rétréci
semblent immangeables
plus de jus plus de sucre plus de saveur
coupée en deux
pressée
à l’intérieur ça gicle
pareil qu’avant
elle donne pulpe sucre fraîcheur
elle face miroir
pense à l’orange
lui lévite reste dans l’eau du bain
ne se regarde plus dans le miroir
bientôt
il ne voudra plus se couper les cheveux
Texte/Illustration : Aline Recoura
superbe (voulais lire très vite, suis en retard, n’au pas pu)