Toute contemplation mène à un paysage hanté. La fenêtre est entrouverte. L’air te fait le plus grand mal. Sentiment qu’il cherche à t’aspirer dans la lave. Le soleil est déjà bas. La journée en a bientôt fini de hurler. Tu redoutes encore plus la nuit qui vient.
Tu ne trouveras pas le sommeil avant quatre heures du matin. Tu n’essaieras même pas de fermer les yeux. Tu préfèreras attendre que les paupières tombent d’épuisement. Ton insomnie n’est que pur mensonge puisque tu ne la subis pas. Tu procrastines volontairement le moment de t’endormir. Tu fais tout pour rester éveillé. Tu lis, écris, filme, enfermé, on dirait que tu as peur du temps passé sans toi.
C’est peut-être pour ça que ton visage ne vieillit pas. Depuis plus de vingt ans, tu ne vis pas une succession de jours ni d’années. Non : tu vis le même jour depuis des années, tu vis du battement des secondes qui ne cessent de se répéter, le corps et la pensée livrés à une intrigue… inépuisable.
Texte/Vidéo : Anh Mat