Tu as la peau fine
elle marque facilement
J’ai compris
le tout c’est de ne pas laisser
de marques
Un lancer de basket
sur la tête
un lancer d’échelle de mezzanine
puis un poing
sur la pommette
Fond de teint
maquillage
répare le dommage
Dommage
crier
laisse-moi tranquille
va-t’en
laisse-moi tranquille
va-t’en
à suivre dans l’appartement
enfermée
maintenir la porte
écran d’ordinateur explosé
tasse de café brûlant renversé
brûlures
Une dispute de couple ça arrive
parole de flic
Madame vous êtes en danger
et votre fils
parole d’un deuxième flic
Signalement description
donné fausse indication
Ce n’était pas le premier
le premier s’appelle
géniteur
Claques tapes derrière la tête
pour une mauvaise note
pour faire lire un titre de livre trop dur
pour des maths
Claques tapes sur les fesses
sur les cuisses
sans habits
s’appelle fessée déculottée
pour un non
pour une rébellion
pour du vernis à ongles
destruction d’objets
stylo plume préféré
pointe écrasée
Une maîtresse a vu
à la piscine
pas de suite
Larmes torrentielles
pluie diluvienne dans la chambre
déluge du cœur
Retour des mots
pour un nouveau ciel
celui de la culpabilité
Pardon ma fille
Pardon mais…
Mais quoi
redoublement de larmes torrentielles
pour d’autres ciels
Un cauchemar une nuit
une fille tuée
que j’ai tué
je ne sais pourquoi ni comment
Que faire du cadavre ?
Elle tient dans un carton cubique
qui lui-même entre dans mon caddie de courses
l’ancien
celui où j’habitais avant
Le mieux est de le jeter dans la Seine
Mon fils est là
Il me soutient et participe
mature
culpabilité palpable
de faire porter un tel secret à un enfant
et moi
je vais devoir vivre avec cette morte secrète
sur la conscience
et la peur d’être découverte
jusqu’à la fin ?

Texte : Aline Recoura