La nuit tu marches
tu entends tes pas claqués
sonores comme talons
ils résonnent dans les tunnels
les pas
les élans
tu serres quand même ton corps
tu te récites des poèmes
tu cherches l’odeur qui te rappelle ta grand-mère
ce jour où un soir tu as ouvert la fenêtre de la cuisine
et pour la première fois tu as senti l’odeur de la nuit
tu te souviens de ta grand-mère car tu étais chez elle
au sixième étage
vue sur le square
où tu avais toujours l’impression de voir des formes bizarres
tu ne reconnaissais même plus le bac à sable
les arbres changeaient de couleur ils ressemblaient à des hommes
les bancs parlaient tout seuls
Mon corps devient rapide
un retour une pulsation battement oisillon
un froid à fuir transperce le pantalon
des bruits à apprivoiser
Je n’ai pas envie de rencontrer un vampire
ni la bête des villes
elle rode et se promène avec une hotte pleine de mauvaises surprises
dompter le silence comme un fusil porté à l’épaule
Regards qui entendent loin
oreilles qui voient près
circulaire toujours
la vue dans le noir
des kilomètres de nuit
des visions
des films
des idées
des fumées blanches
brouillards
broussailles
boue invisible juste une sensation de glissement
vide personne
Arrivent des feux de route inquiétants
qui est au volant
peur d’un arrêt
les yeux de chats à l’affût

les oreilles montent la garde
elles réagissent plus vite que le hérisson
L’odeur de la pluie remonte
quand le frais et le chaud se mélangent
la lune t’envoie ses rayons
tu penses au sabre laser de ton fils
le corps lumineux
tu arrives chez toi
c’est ton thriller de minuit

Texte/Illustration : Aline Recoura