
Gamer
Il s’appelle Kinstarr
il s’appelle Michou
il s’appelle Blax
il s’appelait Tim Sweeney
il s’appelle Inoxtag
il s’appelle Antorak
ils s’appellent Mimicroûton Nexol Denis
Forte nigth
nouveaux fans
nouveaux idoles
nouveaux rêves
fantasme de richesse
concurrence au football
Un sport à grands risques
tendinites aux poignets aux coudes
avant les tournois
échauffements obligataires
Avatar
ils doivent être stylés
sac à dos cœur
sac à dos papillon
ils adorent les garçons
Skin personnages qui dansent
tu t’achètes une danse un geste
une chute du réel devenue célèbre
plus tu joues plus tu achètes
Un tout en un
réseau social
série et ses saisons
scène de concert
Traviscot a mis le feu
jeu vidéo
le shampoing multilavages de cerveau
le côté sombre dans les yeux écarquillés des mères
Des surprises de tailles
trous noirs inondations
le programmateur est virtuose
une base de solitaire
codeur passionné
Forte nigth
je veux comprendre
à son âge je criais pour
Patrick Bruel
je lisais OK magazine
écoutais Mylène Farmer
en lisant les Rougon-Macquart

Danseuse
Je la vois terrifiée
courir, trébucher sur une racine.
Puis se relever, avancer
au hasard, devant, à droite,
au hasard de son intuition,
au hasard de la topographie montagnarde
lever les pieds comme si le sol brûlait
Je la vois en fuite,
apeurée, sur le qui-vive.
Je la vois apprivoiser les bruits,
distinguer ceux des hommes de ceux de la nature.
Je la vois se cacher, attendre,
immobile, recroquevillée à genoux,
couchée à plat ventre.
Je la vois trembler de froid,
de faim, de fièvre.
Je la vois sur les versants chercher
l’abri. Au-bord de la visibilité.
Je ne la vois pas pleurer.
Eau glacée. Puissants courants.
Son cœur brûle sa gorge en feu fait mal.
Aphone elle danse la colère.
Elle est la fuite
son corps meurtri
endurci par les efforts acharnés
prend flamme
comme silex à vif.
Elle exalte le pavé
écarte les bras en corolle
marche sur ses mains
affûte ses équilibres
jongle avec ses vides et mystères
son corps brûlant transpire
expire la lave de son cœur
un volcan jaillit de son sein
de ses jambes de son dos
touche de ses étincelles et de ses pierres
le sol qui l’accueille
Enfin elle est arrivée
en transe elle sourit aux applaudissements

La Lune Perchée
La nuit tu marches
tu entends tes pas claqués
sonores comme talons
ils résonnent dans les tunnels
les pas
les élans
tu serres quand même ton corps
tu te récites des poèmes
tu cherches l’odeur qui te rappelle ta grand-mère
ce jour où un soir tu as ouvert la fenêtre de la cuisine
et pour la première fois tu as senti l’odeur de la nuit
tu te souviens de ta grand-mère car tu étais chez elle
au sixième étage
vue sur le square
où tu avais toujours l’impression de voir des formes bizarres
tu ne reconnaissais même plus le bac à sable
les arbres changeaient de couleur ils ressemblaient à des hommes
les bancs parlaient tout seuls
Mon corps devient rapide
un retour une pulsation battement oisillon
un froid à fuir transperce le pantalon
des bruits à apprivoiser
Je n’ai pas envie de rencontrer un vampire
ni la bête des villes
elle rode et se promène avec une hotte pleine de mauvaises surprises
dompter le silence comme un fusil porté à l’épaule
Regards qui entendent loin
oreilles qui voient près
circulaire toujours
la vue dans le noir
des kilomètres de nuit
des visions
des films
des idées
des fumées blanches
brouillards
broussailles
boue invisible juste une sensation de glissement
vide personne
Arrivent des feux de route inquiétants
qui est au volant
peur d’un arrêt
les yeux de chats à l’affût
les oreilles montent la garde
elles réagissent plus vite que le hérisson
L’odeur de la pluie remonte
quand le frais et le chaud se mélangent
la lune t’envoie ses rayons
tu penses au sabre laser de ton fils
le corps luminuex
tu arrives chez toi
c’est ton thriller de minuit
Textes/Illustrations : Aline Recoura