IL pleut Albert
IL pleut des trous noirs,
Il pleut des éclairs
Albert
De maigres bulles d’air
Trop peu, Albert
Il pleut des odeurs fétides,
des buées d’acide
C’est trop, c’est ouf
et le monde s’étouffe
Albert
Il pleut Albert
Il pleut des fissions nucléaires
Des gaz, des effets de serre,
Comme un coton imbibé d’éther
Sous le chloroforme
Le monde est en crise de l’air
Quelques soient leurs formes
Le monde a trop d’adversaires
Albert
Tu disais, Albert
au compas à l’équerre
rien n’est absolu
tout est relatif
mais rien n’est résolu
Albert
à qui la faute,
Pour quel motif
Le monde ne sait plus quoi faire
pour traverser notre univers
Le monde s’use quand on le perd
Quand les ruisseaux ne vont plus à la mer
Il pleut Albert
Il pleut des vers dans la pomme
Dans le monde que l’on forme
Le monde que l’on borne
Et toi tu t’étonnes
Albert
Tu déconnes
Il pleut Albert
De trop forts courants d’air
Des fontes sévères
Il pleut des mystères
Albert
Où est l’allumeur de réverbères
Que j’me noie plus
Que j’y voie clair
Albert
Où est l’allumeur de réverbères
Que j’me noie plus
Que j’y voie clair
Que je jette un œil sans me faire de mal
Sur le journal, sur mes cavales

Où est l’allumeur de réverbères
Que j’me noie plus
Que j’y voie clair
Albert
Nos vies qui défilent
Nous, des colosses aux pieds d’argile
Mais qui soutient les murs
Où sont les échancrures
A sortir la tête
A écorner le sort
Et nos rêves d’être
Quand nous sommes déjà morts
IL pleut Albert,
Il pleut des idées noires
IL pleut à pleurer, tout foire
IL pleut Albert
Il pleut
Et nos jours heureux
Manquent à l’appel
Plus jamais
ne se ramasseront
A la pelle

watine

Texte : Catherine Watine

Photo :  Catherine Watine

Sur l’auteur

Watine joue du piano depuis l’âge de 3 ans, et a remporté quelques concours (Rachmaninov, Nerini) en jouant des pièces du répertoire classique.

Elle fait son apparition en 2005 avec l’album RANDOM MOODS, que beaucoup considèrent comme son premier véritable album, une aventure punk rock  qui lui fait rencontrer les producers electro influents de l’époque : Fila Brazillia, Gus Gus, Riton, Volga Select (Ivan Smagghe/Marc Collin), The Underwolves, Aaron Carl. Cet album est reconnu en Allemagne et en Angleterre, et circule dans les milieux underground.

Mais c’est en 2006, que Watine sort son 1er  album de songwriter DERMAPHRODITE co-réalisé avec Bernard Becker et post produit par Markus Dravs dont on connaît le travail pour Emilie Simon, Brian Eno, Björk, Coldplay. Sur ce disque dream electro-folk symphonique, Watine dévoile pleinement son univers electro pop tirant vers le trip hop. Calme, ouaté, intimiste, la musique mêle déjà cordes et piano, voix filtrée, en anglais dans le texte. Ce disque remporte un fort succès d’estime critique et reçoit un très bel accueil, notamment les labellisations Ecouté et approuvé les Inrocks, Une découverte Trax, la Ferarock et la Fnac Aime. S’en suit une tournée promo de 12 dates dans les Forum FNAC au printemps de cette même année.

Watine travaille aussi pour la scène un répertoire uniquement piano auquel elle convie rapidement 3 puis 4 multi-instrumentistes.

En 2009 voit le jour un nouvel album  B-SIDE LIFE, à l’esprit résolument pop-folk, produit par Nicolas Boscovic. Avec toujours le piano et le violoncelle en fil rouge, c’est une fusion de classique inspiré de Bach et Satie, et de brouillards alternatifs à la SIgur Ros, peuplés de cordes majestueuses. Tout est là, l’acoustique, l’électrique et l’électronique, et de nouveau cette mélancolie joyeuse. Un accueil massif des medias et une exposition live en radio confirment sa singularité -quelques singles qui tournent beaucoup  particulièrement Nothing else et son très joli clip qui passera sur M6.

Cette même année, Watine est l’initiatrice du projet INDIE MOODS (20 artistes à découvrir dont Cascadeur, Maud Lübeck) qui recueille les partenariats des INROCKS, FERAROCK, OUI FM et le DIVAN DU MONDE.

Un 3ème album sort en 2011, STILL GROUNDS FOR LOVE., confié à nouveau à Nicolas Boscovic. Il confirme le chemin cinématographique de sa pop de chambre « IL y a du PJ Harvey dans la personnalité, du Nick Cave dans la noirceur, du Tim Burton ou du David Lynch dans l’atmosphère » Le titre The story of that girl figurera sur la playlist AIR FRANCE, plusieurs titres feront l’objet de clips, dont The strings of my fate – Prix DAILYMOTION au festival international des Arts du Clip et Books and lovers qui aura une mention spéciale sur Inrocks.com, pour son hommage à The Divine Comedy. JD Beauvallet baptisera sa musique d’outre-pop.

En 2013 un projet folk pop réunit Catherine Watine et Paul Levis : THIS QUIET DUST qui prend pour prétexte lumineux la poésie sensorielle et échevelée d’Emily Dickinson.

Et cette même année, MAISON WATINE compile des remixes de l’album Still grounds for Love, réalisés par des amis musiciens producers electro.

C’est en 2015 que s’amorce le grand virage, la tentation du français l’emporte. C’est l’année d’ATALAYE.
« Quelque part entre le spleen lumineux de Barbara et le soleil noir de Nerval, Watine invite son piano épique au milieu des cordes et des vents traversés de fulgurances électroniques. La liberté dans la solitude, la solitude dans l’amour. Un hymne à la vie. »

Puis en 2018, après une secousse importante dans sa voie personnelle, Catherine WATINE décide de reprendre tout à zéro, ayant le désir depuis toujours d’orchestrer ses propres pièces. Elle navigue entre son piano Pleyel et son clavier maitre, prépare ses contre-chants de cordes et scande ses percussions avant de les écrire à l’ordinateur. Il y a aussi dans sa boite de Pandore,  des enregistrements à la volée dans la rue, dans les jardins, dans les tempêtes, des cloches d’église, des rythmiques montées sur des enregistrements de trains, des filins de bateau qui claquent au vent lors de ses passages en Bretagne,  quelques prises d’harmonica et de toy instruments, mais aussi des pédales de piano, des bois frottés, martelés, et plein d’autres sons à découvrir à l’écoute. Elle découpe d’anciennes chutes sonores notamment de violoncelle, de timbales et de cors, pour ajouter quelques éléments acoustiques.
L’univers de l’album GEOMETRIES SOUS-CUTANEES est bien là. Acousmatique, expérimental, sériel, abstrakt, cinématographique. Néo-classique.