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pour les cosaques l'âge d'or des poissons_modifié-1

Il n’y aurait plus un pouce de terre, il n’y aurait plus d’arbres et il n’y aurait plus de ville.

Seule une souche arrachée flotterait.

Bien sûr les vivants auraient disparu.

Seuls quelques uns des plus solides, portés par leur force et la chance, arriveraient là, se cramponneraient, trouveraient place, sous l’oeil amical, ou défiant, des anciens.

Sécheraient, attendraient, un moment.

Le temps passerait. Ils regarderaient, frissonnant un peu, puis davantage, l’infini liquide. Ils baisseraient la tête, tristes jusqu’à la nausée, leur courage enfui, dans la peine et leur si grande fatigue.

Le temps passerait. Reprendraient force. Se révolteraient contre eux-mêmes, leur passivité. Se regarderaient, les yeux pleins de honte et de défi.

Ils diraient : «il faut qu’il y ait, quelque part plus loin, au delà de l’horizon, un endroit sauvegardé.»

Ils diraient : «Mais où le trouver ?»

Et un jeune plongerait, crierait «attendez, je reviens, bientôt c’est certain, pour vous le dire, et serons sauvés».

Attendraient. Ne reviendrait pas. Un puis un autre partiraient pour cette quête. Ne reviendraient pas.

Attendraient. Tireraient à la courte-paille, puisque plus personne n’oserait, un puis un autre émissaire.

Jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un.

Pleurerait beaucoup, sans pudeur puisque sans compagnon.

Et puis sourirait à l’eau… et il plongerait.

N’y a pas de morale, à cette histoire idiote. Juste une photo et un après-midi quiet (et qu’importent les ailes puisque j’ai décidé qu’on dirait qu’il n’y a plus rien… ce serait l’âge d’or des poissons)

A moins que vous n’ayez une idée.

 

 

Texte et photo : Brigitte Celerier