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Big Circular 1

Il y a l’incertain. Des êtres si distants comme des erreurs de calcul. Ils ne désirent rien. Ils s’abstiennent. Traces de chaos aussi confuses qu’un danger inconnu. Plusieurs mondes semblent apparaître à mesure que l’on retourne la terre.

Les sons, les odeurs, les autres qualités de ce terrain ultime – no man’s land entre le cœur, le cerveau et le départ – vont changer.

Les machines mordent la terre et impriment une autre mémoire. Distribuant de nouveaux usages. L’invention d’une infinité d’artifices et de possibilités. Grâce au big circular metro dont l’esprit souffle déjà sur nos vies. Autant de sujets à faillir. De nouvelles adresses. D’occasions de bâtir encore. D’étendre toujours plus et de s’éloigner si fort et si vite de tout repère ancien. De ces deux lignes en rocade. Petite et grande ceinture. De ces lignes de tramway. Du métro essentiellement radial – 2 Nord et 2 Sud – de ces rocades avortées en proche banlieue. Déjà les villes nouvelles.

Tout cela ressemble à un mouvement cosmique. Des rayons et des orbites. Du matériel maillant les liaisons radiales. Et ces noms comme des astres. Meteor, Orbitale, Orbival, Métrophérique.

Un univers en expansion. Son cœur et son polycentrisme. Ses multiples réseaux connexes – métros, TER, Transiliens, tramways – qui dessinent un monde souterrain et l’unité de la surface.

Au fur et à mesure que la force augmente, qu’elle devient presque incontrôlable, mon propre changement – je vieillis – modifie aussi la substance claire que j’avais de moi-même. La vision claire que j’avais de la ville s’éparpille.

Des cercles assemblés qui paraissent confus, des rayons réfléchis et des figures humaines. Des géomètres qui mesurent sans toujours trouver la base qui leur manque. Et moi devant ce tableau de Pollock j’observe comment s’unit ce qui percute le soleil et d’autres étoiles.

Aucune apparence de la vérité dans ces paramètres. Juste la grande force et la prospérité économique, comme une grande explosion. Un poème épique. Une œuvre de Dante.

Sans doute amaigri par la pénitence, je suis tout entier à l’intérieur de la ville infinie. De ses contrats de développement territorial. Toutes ces vies ainsi déposées, à l’image de la Femme Assise, à Créteil, qui semble déjà perdue dans son quartier monofonctionnel. Érigé, comme une première vague de gigantisme, pour tenter, déjà, d’absorber la déflagration humaine. L’architecture contemporaine déposa, elle, de splendides bâtiments amiantés. Des objets qui s’éveillaient alors à ce monde à peine sorti des limbes. On les reconnaît à leur socle/bloc. À leurs œuvres d’art qui osaient montrer l’impensable.

Big Circular 2

Texte et photos : Yan Kouton