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dans ma rue on attendait un cortège, je ne savais quel, marathon, parade médiévale, manifestation rieuse et mécontente, je ne savais, mon esprit s’en moquait
dans ma vie l’avenir était imprécis, comme un visage dans un miroir trop ancien et taché, et incertain comme un maquis où je devais glisser mon esprit, mais il s’en moquait
d’ailleurs la rue, les barrières, mon esprit, tout avait été balayé par la vigueur du vent en sa maturité
en restait une arrière garde de belle vigueur contre laquelle m’étais risquée, souffle coupé par le souffle de l’air qui profitait de mon bec ouvert à la recherche de force pour me pénétrer, me secouer, refouler l’air dans mes poumons
secouée j’étais, comme les arbres, mais pleine de la vie de ce souffle, joues roses et yeux humides
et lorsqu’il m’a laissée, un peu pantelante mais bien éveillée, au détour d’une rue, m’en restait petite allégresse et ce mot souffle à caresser…
à presque chantonner, jusqu’au prochain carrefour me replaçant dans le flux du vent,
souffle d’un soir d’été sur un pré en pente, souffle de mots murmurés près d’une épaule, souffle retenu dans une contemplation émerveillée, souffle sur une page pour chasser le sable que la brise, ou l’ébrouement d’un chien, y a déposé, souffle chargé de bière sur ma nuque qui me faisait détester très provisoirement ce très ancien premier amour, souffle qui propulse des phrases sonnantes entre les pierres, et le souffle si ténu qu’imperceptible de ce bébé… inquiète je remuais doucement le petit bijou qui lui servait de poing pour que la tête se tourne doucement avec un soupir délicat comme une chute de pétale, me rassurant.
Texte et photo : Brigitte Celerier
Mozart est passé par là
j’aimerais bien – il ne m’a pas prévenue
le vent s’essouffle, pas la vie dans votre texte