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au bord du fleuve

Ce serait aux premiers siècles de l’empire romain, une ville de la Narbonnaise, pas aussi importante qu’Arles ou Narbonne bien sûr, mais une petite capitale, sur la route qui allait vers le nord, par la Durance et le Rhône. Ce serait quand Auenion, la ville du fleuve ou du vent violent, l’emporion massaliote devient Avenio, quand le Rhône coulait sur ma rue et que les grandes arcades qui courent sous les maisons de la petite Fustrerie soutenaient le forum avant la dégringolade vers le fleuve, quand la cité des Cavares grandissait sous le rocher, que ses rues étaient pavées…

mais c’était

froide boue

et herbe sale

là où se tenait

la fille

tous ces jours

d’attente

au bord du fleuve

Venait avec son père

tenaient échoppe

pour équipages

Elle était souriante

et sage

serviable

parlant peu

à ceux des grands pontones

en long voyage

leur servait

viandes et brouets

pendant que

pour compléter leur charge

le père

leur vendait huile

goutteuse

du pays

dans des amphores

et pour la ville

leur achetait vin

de Lugdunum en tonneaux

Elle obéissait

mais se languissait

taiseuse elle guettait

parce que

devait revenir

la lintre

et son grand ami

qui était beau et gentil

qui venait livrer huile

acheter tonneaux de vin

et la marier.

Si longtemps qu’était prête

Ses parents l’embrasseraient

et elle partirait

au fil de la Durance

la sauvage Durance

vers le bord où attendait

un grand chariot

Avait peur un peu

c’était l’inconnu

Ils continueraient

vers Cabrières

Avait peur un peu

oui malgré l’ami

de ces gens

et surtout du vieux

du riche

du patron.

 

Texte et photo : Brigitte Celerier
d’après un relief gaulois du Musée Lapidaire d’Avignon, reste, trouvé à Cabrières d’Aigues, d’un monument funéraire érigé à la mémoire d’un riche marchand de vin ou d’huile.