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Tamel était parvenu à décider Anthelme à l’accompagner à la ville.
Ce fut aussi difficile que de faire boire à l’âne de Patuc une eau ne provenant pas de la fontaine centrale du village. Eau que l’animal reconnaissait entre toutes et qui méritait seule de le désaltérer puisque son maître la préférait lui aussi à toute autre.
Pour ce qui est de l’âne de Patuc nul ne sait comment Tamel réussit à le convaincre, mais l’ancien, il y parvint en lui évoquant le grand nombre d’échoppes que recelait la ville, où l’on trouvait toutes sortes d’herbes et de fleurs séchées, en poudre ou conservées entières. provenant de contrées dont Anthelme ne connaissait que le nom, entendu à la veillée lorsqu’un plus ancien que lui racontait, entre deux chansons, une vieille légende des Hules.
Anthelme n’était jamais sorti des limites du village, mais il connaissait le début du chemin qui menait là où le Jeune Tamel tenait tant à ce qu’il l’accompagne. Chemin qui, comme le ruisseau de leur présente montagne, se jetait après un moment de liberté dans un autre plus grand, lequel était à son tour englouti et ainsi de suite comme le veut la Vie.
Quelques heures après leur départ ils se trouvaient sur une large route pavée où circulaient, en grand désordre apparent, toutes sortes de compagnies, ou d’isolés, à pieds, à cheval, en carrioles. Il s croisèrent même un équipage tiré par quatre paires de bœufs devant lequel tous les marcheurs s’écartaient et que même les cavaliers en armure évitaient, sortant du chemin pour le dépasser.
Devant l’interrogation muette de Tamel, l’Ancien se contenta de murmurer :
– faux soleil, à la lumière d’ombre et de pierre.
Partis à la première heure du jour, l’enfant et le vieillard se présentèrent à la porte Est de la ville quelques instants avant que le soleil se couche.
Le garde en faction sourit en voyant l’accoutrement de la curieuse équipée : Tamel vêtu d’une tunique droite au tissus proche de celui d’un sac à pomme de terre et son vieux compagnon le corps langé, jusqu’aux extrémités des bras et des jambes, dans une multitude de morceaux d’étoffes de toutes couleurs et textures.
Il les invita à entrer en les accompagnant d’une révérence, faisant décrire à son casque en métal argenté une courbe pareille à la trajectoire du soleil en été.
…
Texte et image : Luc Comeau Montasse
annajouy a dit:
huum on se laisse embarquer….;-))
Aunryz a dit:
merci.
ça va caboter
…
pas de haute mer
Dominique Hasselmann a dit:
C’est l’équipée du jour de l’âne…
Aunryz a dit:
Ou l’armée de Brancaleone … sans Brancaleone et quelques autres.
(sourire)²
mchristinegrimard a dit:
Merci pour ce conte… Qui laisse la part belle à l’imagination et fait piaffer le lecteur aussi dans l’attente de la suite …
Aunryz a dit:
En espérant ne pas décevoir
merci.
mchristinegrimard a dit:
Je sais d’avance qu’il n’en sera rien 😉
Florence Noël a dit:
me rappelle un peu Christian Carrière 🙂 J’aime les contes, leurs possibles, leur poésie