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Parfois, tu portes ta chevelure rousse comme un casque
dans la rue, rien ne te touche
et les dagues coupantes qui fusent de leurs yeux
finissent métal mou dans le feu de ta bouche
plus le temps passe, moins cela marche
ta langue est inaudible, tes lèvres sont muettes
tu es seule, ils sont de plus en plus nombreux
quand tu arrives enfin à atteindre une porte
tu es totalement nue
crâne rasé
D’autres fois, tu poses un voile
sur tes branches de kératine pour avoir la paix
dans la rue, rien ne te touche
tu vaques, vagues, tes pensées secrètes confinées
mais plus le temps passe, moins cela marche
car il y a toujours d’un côté ou de l’autre
une accumulation oppressante de soies
des mots acérés comme des épées
Tu es seule, ils sont de plus en plus nombreux
les uns découpent ce que les autres cousent
que pourrais-tu dire les mâchoires couturées
l’un parle pour toi
l’autre sait à ta place
tu te tais
Texte : Murièle Modély
Photo : Bruno Legeai , voir http://autredi.blogspot.fr
Terrible et magnifique poème !
« plus le temps passe, moins cela marche »
Oui, terrible et qui traverse l’âme
tout au long du poème
cette présence
cet étau
des autres
qui se resserre.
Aucune défense passive ne dure.