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je grimperai
les tours
intercepter la gérance du vent
petit vaudou battant la campagne
la saison des nasses froides où chacun embarque de banquise
quand tout était simple
aucun passeport dans les barbelés
nous
exclus sereins des lois et des désordres
je suis dans l’herbier à palabres
l’encéphale moite des rêves à mettre à sécher entre deux forêts
avec des prothèses d’encre
pour cette manière de réincarner la déglingue
me souviens encore un peu
parfois
comme des îles flottantes
gerbiers de campagne
dans une mer blanche.
***
planter des images dans un parc éphémère
les murs en sont couverts
ils dialoguent avec l’Histoire
bégaiement triste
il n’y a pas de jour sans Terreur
chaque aurore tue à la faux la nuit qui s’écroule
que cette inondation pour me laver de ton meurtre
vieil homme inerte
ta mort est une pierre accrochée à ma main
dans la pesée des liasses
toi d’ailleurs
partout sur ma face et mes enfants
comme on retrousse la vie au fil de l’eau
sur le côté fourré de la peau
un reste de souffle
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Chaque nuit la Terre fait un tour de moulin. J’attends, le papier est prêt, l’écran encore blanc. Et soudain, la roue cliquète, le clavier picore le dit de la nuit. J’entends les dents d’une manivelle mordre ainsi mes torpeurs… La Terre est revenue imprimer mon poème sur la bécane humaine.
Texte : Anna Jouy
Peinture : Francisco Goya, ‘Vagabonds au repos dans une caverne’, 1800
bégaiement triste
oui