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Tao Yuan Ming

Tao Yuan Ming fut originaire du village de Tsai sang, dans le district de Hsun yang, situé sur une colline à trente lis au sud ouest du Lu Chan. Le mont Lu Chan est « la montagne des huttes », un lieu sacré des hommes du Tao. Dans le Classique des Montagnes et des Mers, Lu Chan serait la capitale des habitants du Ciel. Tao Yuan Ming est issu d’arrières grands parents de grands parents et parents très humbles. Son père Tao Yi mourut quand il n’avait que 8 ans.

Laissons le conter en quelques vers sa vie… émaillée par hasard à ses débuts de rencontres et d’honneurs puis à la fin marquée de ruptures et souhaits de détachement:

quand j’étais jeune ma famille était dans l’embarras
les jours passant plus que jamais la faim me tenaille
des sacs de haricots et du blé voilà ce dont j’ai envie
je n’oserais même plus rêver à un mets succulent
je suis affamé mais moins misérable
que celui qui ne prenait que 9 repas dans le mois
en pleine chaleur je suis las de porter encore les vêtements du froid
mes années à leur couchant
est-ce pénible consternant?
on loue le coeur de celui qui offre la soupe au démuni
et qui cache toujours son visage derrière sa manche
pourquoi être offensé par une aumône impudente s’abandonner
sans scrupule à des actes vulgaires n’est-ce pas la tentation?
rester droit et digne dans la pauvreté
si j’ai faim tant pis la bouche des besoins
j’ai eu jadis de nombreux successeurs

À la fin de ses jours, retiré dans une modeste hutte il buvait à volonté du vin, composait des poèmes, accordé au cours des choses, conscient de son sort n’éprouvant aucune arrière-pensée. Notre ami ne connaissait pas les règles de la musique, pourtant il possédait un ch’in, sans corde. Chaque fois qu’il était exalté par le vin, immédiatement il l’effleurait pour lui confier son sentiment de l’instant. Aux humbles et autres nobles qui lui rendaient visite, sans exception il préparait toujours à boire. Et le premier à être ivre, il disait: “je suis ivre, j’aimerais dormir, vous pouvez donc partir”.

Il rencontra la mort à l’âge de soixante trois ans et quitta ainsi son auberge de voyageur pour toujours et retourne près du Lu Chan là où il vit le jour. On le nomma alors Maître « Ching Chi’e »  ce qui veut dire “large, joyeux, indulgent et désintéressé”.

Texte et photo (agrandissable par cliquer dessus) : Anh Mat
Traduction : l’apatride