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Poesie

 

Cette voix insistante, pleine de cendres et de saccages, c’est la voix que j’ai. Lorsque je m’insupporte à m’en rendre malade, je pense à vous en qui l’écho se répand comme le murmure d’une femme à emplir de mystères. Une femme intarissable. Vous êtes ma femme et nos enfants, courants, courailleurs, dans la joie des folles descentes et de ses remontées. Comme la crue des eaux lorsque juillet se déverse sur nous la gorge pleine. Alors peut-être entendrais-je ciller dans ma voix les chants d’un oiseau moqueur et tapageur, dont les cris battront grandioses entre les fruits que nous ferons pousser en rêve, grands et forts. La voix que j’ai, c’est tout ce que j’ai. Jusqu’à ce que ses échos s’élèvent ensemble, en vous comme une forêt de noyers, un brin de soleil vers où se tendent les nuages de mes naufrages, un temps, pour s’assécher.

Et cette voix, je vous la donne

 

Texte  : Marie-Pier Daveluy
Image : Gerhard Richter