à nos désirs enfouis
à nos désirs avortés
à nos désirs timides
à nos désirs enfuis
à nos désirs éternellement renaissants
à nos rencontres fugitives, à nos rencontres négligées, à nos rencontres rétrospectives
à nos fraternités vagues
à nos douces fraternités tues
à nos fraternités fulgurantes
à nos fraternités repoussées
à nos douloureuses fraternités inutiles
à nos complaisants regrets
à nos idéaux trahis, à nos idéaux dévitalisés par les phraseurs, à nos idéaux dévoyés par le bruit du monde, à nos idéaux oubliés
à nos rages impuissantes
à nos rages pleines de renoncements
à nos lâchetés
à notre sagesse résignée, à notre sagesse apprise, à notre sagesse conquise, à notre sagesse mortelle
à nos sourires d’accueil
à nos intempestifs sourires surprises
à nos sourires toisants
à nos sourires d’adieu
à nos sourires digestifs
à vous qui ne nous avez pas vus, à vous les insistants en trop grande attention, à vous les obsédants, à vous les légers émerveilleurs de passage, à vous qui étiez dans un coin à l’arrière et prenez toute la place dans le souvenir
à nos perdus de vue
à nos souvenirs s’effaçant
aux voix oubliées
à nos souvenirs intrigants
à nos erreurs
à vous les morts, à vous qui en devenez importants, à vous les aimés, à vous dont on ne peut admettre croire réaliser le plus jamais, à vous nos morts compagnons, à nos conversations sans réponse certaine
à vous que nous avons totalement oubliés.
Texte : Brigitte Celerier
reprise de son blog ‘Paumée’ du 19 février 2015
Image : « Black on Maroon», 1958/59 , huile sur toile de Mark Rothko
brigetoun a dit:
merci
anna a dit:
très heureuse reprise et mise en lumière de ce poème. mon désir de le lire et d’en faire haute voix
colorsandpastels a dit:
Oh ouiiiiii
brigetoun a dit:
merci à vous
colorsandpastels a dit:
Le Cosaque a mis la main sur un magnifique texte !
Dominique Hasselmann a dit:
Beau poème déjà vu quelque part… 🙂
czottele a dit:
à vous que j’appelle toi (et/ou l’inverse parfois)
à toi que je côtoie quotidiennement immatériellement
à nous pour nos envolées singulières et semblables
à Brigitte, merci
Aunryz a dit:
belle ode
à la pensée qui se fait
vague déferlante vers l’autre
tous les autres
j’ai eu
à chaque « à… »
l’envie de trinquer dans l’air
d’un verre empli d’un alcool joyeux
et
effectivement
à la fin du poème
l’ivresse était là.
brigetoun a dit:
me sens coupable
lanlanhue a dit:
belle toile de la mémoire