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Tandis que Paumée attend la guérison de son ordinateur et réfléchit sur un ‘vague projet’, voici une reprise de son premier texte chez les Cosaques, datant de 23 août 2013. Depuis, elle nous a gâtés avec cinquante-huit textes en plus … merci Brigitte.
Elle était dans un coin, avec les femmes et un peu impatiente, un temps, d’être là, cantonnée, mais une vieille cosaque lui avait souri en disant «quelle importance ?» et elle avait répondu «quelle importance ?», parce que, bien sûr, cela n’avait aucune importance. Alors elle s’était reculée sur son siège, elle les avait regardés, ces cosaques des frontières, hommes et femmes, et puis tous ceux qui les avait rejoints, de passage, et qui, pour certains, étaient restés… et dehors le vent s’acharnait à courir en hurlant.
Le vent, elle s’est demandé quel était son nom, ce vent qui galopait sur les longues plaines… a pensé à d’autres noms, à d’autres vents, au mistral, le vent de cette terre où elle s’était posée un temps, ou au levant, au sirocco ou au simoun endormeur sur le pays où était né son père, à la mousson pour la jeunesse de sa mère, au Sures pour l’enfance de sa mère.
Ce vent, c’était le blizzard, peut-être… elle ne savait pas… hurleur sans nom pour elle, qui lui disait que la chaleur bien close et peuplée était l’endroit où être.
Puisqu’on voulait bien d’elle, là, un temps.
Elle qui ne bougeait guère mais ne se sentait d’autre appartenance que sa langue. Elle qui avait tant rêvé en son adolescence d’une vie errante, tant rêvé qu’il n’était plus nécessaire de bouger. Elle qui avait tenté, mollement de s’inventer des racines là où elle était passée, où elle s’était éternisée, sans jamais s’affermir.
Elle a écouté la voix qui disait le condottiere, et sa tristesse. Elle l’a suivie comme une houle.
Elle a rêvé à son autre, à celle qu’elle était, en son adolescence, pendant que, présente dans la salle de l’appartement familial, au dessus de la rade, elle s’échappait, quand elle était second sur un boutre cabotant le long des côtes d’Anatolie, quand elle était…
Elle est revenu à eux, aux cosaques, à celui qui parlait de la ville détruite, et les rues de Brest entraperçues enfant sont sorties de la brume du rêve pour y retourner pendant qu’elle suivait Dembinski.
Elle a un peu remué sur sa chaise, elle s’est sentie gênée, s’est reproché son manque de politesse, a profité d’un silence, s’est présentée.. et puis s’est reculée, pour retrouver les voix.
Elle écoutait, et puis pensait, essayait de penser, à ce qu’elle pourrait raconter si son tour venait.
Texte et photo: Brigitte Celerier
grand merci au cosaque en chef
J’aime beaucoup cette cosaque sans casaque qui s’est laissée emporter par le vent et la chaleur rassurante de voix familiales, déjà connues quelque part…
venir voir ce que devenaient les cosaques et se retrouver – se saluer
et puis entreprendre plongée dans vieilles lettres en attendant que la machine reprenne vite totalement, mardi après midi peut être
et que le goût pour internet revienne victorieusement
on se rend compte du plaisir que c’est de relire… oui merci brigitte