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Hendrick-Avercamp

Entre 1550 et 1650, il faisait si froid en Europe, que les météorologues nomment cette époque  la petite ère glaciale. En Hollande, des températures  d’hiver moyennes entre décembre et mars de quelques 20 degrés au-dessous du point de congélation étaient normales.

À cette époque, les Hollandais étaient encore de gens très forts.

Mon ancêtre en ligne directe  Jan Doudesz (le premier d’adopter le nom de famille Doets, contractuellement), et son père Doude Paulsz,  et avant lui son grand-père Paul Doudesz, les trois étant parmi les tous premiers mennonites, étaient des marins, capitaines de vaisseau, après 1595 avec la nouvelle invention, une flûte,  qui pouvait être maniée par un équipage de seulement sept hommes (voir l’image). Leurs bateaux successifs s’appelaient toujours “De Waterhondt” (Le Chien d’Eau; chez eux, ils chassaient les sauvagines dans les marais, avec leurs ‘chiens d’eau’. Ce sont des chiens qui aiment être mouillés, leur peau est un peu grasse).

flûte

Quand la glace épaisse commençait à se fondre dans les ports, fin mars, ils naviguaient vers le sud (la Baltique étant encore gelée à cause de son eau saumâtre) pour charger du sel, par exemple à Portugal où à l’île de Ré en France, et le portaient en Baltique, à Riga ou Revel ou Königsberg ou d’autres, où ils chargeaient des grands troncs,  pour les apporter à Amsterdam pour le sciage et la construction de bateaux. De là ils allaient, par exemple, à Bordeaux y déchargeant des draps et chargeant le bon vin, puis en Angleterre avant de continuer vers la Baltique.

Ils connaissaient bien tous les ports d’Europe, faisaient trois à quatre semblables aller-retours par an, car il fallait être de retour chez leurs familles vers le début de novembre avant  que les eaux se gèlent à nouveau. Parfois ils allaient en Espagne ou à Genoa en Italie, mais cela était très risqué à cause des Barbaresques, les pirates d’Afrique du nord. En maintes petites églises de Hollande du Nord, on collectait tous les dimanches pour pouvoir payer les rançons de pères ou frères capturés et retenus en otage par les Barbaresques.

Et pendant l’hiver, on s’amusait sur la glace, il fallait se bouger … des petites échoppes, les buvettes, bâties sur la glace pour y rester pendant quelque cinq mois, appelées les ‘koek en zopie’ (couque et picole, le genièvre), gardaient au chaud la population patinante.

Qui ose de dire que nous avons fait du progrès, depuis 1600 ?

Texte: Jan Doets
Image: Hendrick Avercamp (1585-1634)
L’origine de ce texte est ma carte de fin d’année à Brigitte Celerier, choisie car elle n’aime pas le froid. Sur le détail suivant on peut la voir, assise dans le grand traîneau, un peu étonnée et soucieuse, en regardant l’auteur qui passe sur patins en pleine vitesse sans trop de sagesse.

Détail