Croque-tempes. Ton détour est en gris de buée. Ou es-tu du noir de la bise pour que je n’y vois plus goutte ? La nuit recoud mon bout de doigt sur le gel des fenêtres. À ta place, l’espace de ma bouche croque en jambe. C’est loin de passer à l’échasse ces horizons au kilomètre. Je cloche mes godilles d’aurore, je boite les steeple-chases d’amour en fin de course. Un matin avec un désir sportif et une retenue en chambre. Croque-temps. Le jour craque. Un bruit de noix dans l’enrouement des mots. J’ai du gravier à l’âme comme une éraillure de chemin, une marche de neige carton au travers du larynx. Je tends ma chevrotine à picorer des oiseaux, mon chat tueur d’envol. Je tire à la grenaille dans les roues du destin, vélo voilé.

Texte : Anna Jouy – Extrait du recueil « Le Plénum des Sargasses » – Bloc 10