Une chambre, le repos peut-être après tous ces compagnonnages forcés, ces détours qui m’ont éloigné de toi. Mais les murs sont encombrés, des invendus, les mêmes portraits qui me narguent, tout ce temps épuisé où tu attendais tellement de moi, sans être à mes côtés. Nous sommes deux cadavres trop occupés pour apprécier la chance de pouvoir être côte à côte et bien vivants. Même le rouge n’y peut rien, les meubles flottent, la fenêtre ne prédit plus notre avenir. Comment m’allonger quand même les meubles conspirent ? Il me suffirait de te parler, une simple visite et l’oreiller reprendrait sa place au centre de la toile, les prémices d’un long sommeil, enfin.

Texte : Grégory Rateau

Illustration : La Chambre de Van Gogh à Arles

Biographie Auteur

Né en 1984, ce sale gosse a grandi à Clichy-sous-Bois dans le 93 où il a eu la chance de découvrir par hasard Charlie Parker, Jim Morrison, Rimbaud, Bob Dylan, Bogart et Henry Miller. À la fin de l’adolescence, il se fait la belle : marchant, rêvant, réalisant des films et bossant parfois dans des fermes (Liban, Irlande, Népal…). Il a aujourd’hui posé ses valises en Roumanie où il est devenu son propre patron. Auteur d’un récit de voyage sur la Roumanie en « Hors-piste » qui est devenu un succès de librairie dans sa version roumaine, il a enchaîné avec un premier roman chez Maurice Nadeau, Noir de soleil (finaliste du prix France-Liban et du prix Ulysse du premier roman). Il a également commis plusieurs recueils dont Imprécations nocturnes chez Conspiration éditions (prix Amélie-Murat et prix Renée- Vivien, finaliste du prix Robert-Ganzo) et son dernier en date, Le Pays Incertain à La Rumeur libre Éditions (Prix Rimbaud Maison de poésie 2024). Sa poésie circule un peu partout et dans plusieurs langues : revues (Arpa, Le Cafard Hérétique, Place de la Sorbonne, Le Journal des poètes, Verso…), livre d’art (Poème Païen à L’Œil de la méduse), anthologies (dont Ces Instants de grâce pour l’éternité au Castor Astral et l’anthologie Seghers pour 2025). Il revient parfois en France pour lire sur scène dans des festivals, un bon prétexte pour trinquer avec des joyeux lurons triés sur le volet. Ce poète révolté par l’écriture et seulement par elle recherche encore la fraternité là où il peut la trouver.