Certains jours dans mon pays d’Est m’éveillent la pluie,
l’eau qui dérobe les bords des fenêtres
et la marée qui foisonne ;
Je m’endors lentement comme pour
chasser la soif des mots ;
comme si
les caresses de souvenirs
portaient la mémoire des fleurs ;
dès lors
certains jours je désespère tant
que je cesse de rêver tout court
le matin tire sur mes lourdes paupières
serrée dans les bras d’un inavouable adieu
et ma tête comme un tambourin
dont les battements creusent en abîme
au bas du ventre qui tourne à l’envers
au plus bas du cœur qui déplore
ce creux inconsolable qui attarde les adieux
et peut-être même qu’il détourne les roues des navires.
Ainsi, si tu retournes en arrière
frôlant les bords de la marée
ainsi que les fenêtres en appui,
l’eau qui frisonne,
pieds engloutis dans le sol,
toute la mer t’emporterait
sur ses voiles douces en argent ;
Mais c’est d’abord ainsi qu’au réveil je désespère,
puisque je sais
Que même si tu marches toujours vers mon pays d’Est
les marées te poussent subitement vers le Nord.
Texte : Iren Mihaylova – Dans le cadre du projet littéraire « CIEL DE MA MÉMOIRE »