Hoboken – un café en 1987, l’été est chaud cette année-là dans la banlieue de New-York.
Je crois que je me trouve près de la gare qui mène au Path, le tunnel du train pour rejoindre Manhattan. Une jeune femme assure le service derrière un comptoir éclairé à la lumière artificielle (le café était peut-être installé dans la gare). Elle est belle, dans la trentaine, la peau café-au-lait. Elle a des cheveux longs bouclés en cascade, elle est souriante, d’allure sportive et dynamique, en short avec de jolies cuisses assez puissantes. Elle se rend compte certainement que je suis étranger. Je suis très jeune et emprunté, mais je la regarde en rendant benoîtement hommage à sa beauté, son sourire, sa gentillesse.
Alors elle me pose une question que je ne comprends pas.
Puis elle tente de m’expliquer, en riant, avec quelques gestes en m’indiquant la pompe à bière. Après quelques secondes je finis par saisir, malgré mon trouble.
Cela fait trente-cinq ans que ce court échange a eu lieu et, depuis, jamais je n’ai oublié ce que veut dire : «a draught (beer)».
Que ce soit en pression ou en bouteille, je ne bois plus de bière depuis longtemps.
En revanche, je comprends mieux l’anglais et un jour, qui sait, je pourrais avoir envie de revoir Hoboken et sa gare de banlieue.
Mais à quoi bon, désormais ?
Sur l’auteur

Eric Macé est né en 1965 à Dinan (Côtes-d’Armor).
Il s’est consacré très jeune au dessin.
Après des études de commerce et de gestion, il est venu vivre et travailler en région parisienne,
où il s’est aussi formé à l’art dramatique et à la chanson.