
Avec « Retour sur Soi », Anh Mat semble clôturer une aventure littéraire époustouflante, dans laquelle la perte d’identité finit par se traduire par une dérive géographique puis textuelle.
Dans un fascinant mouvement à la fois physique et mental, Anh Mat établit un fulgurant parallèle entre territoires réels et virtuels, engageant une puissante réflexion sur l’écriture, sur le malaise profond qui s’est emparé d’elle depuis l’apparition du support numérique conférant soudain une autre forme, et sans doute un autre sens.
Anh Mat déploie un texte d’une rare densité et profondeur, dans lequel il trace des lignes de fuite entre lieux, sentiment de dépersonnalisation, migration de l’écrit de la page à l’écran. Comme s’il interrogeait ce qui fragmente notre rapport à l’intimité, aux autres. Notre rapport à la technologie également, qui modifie radicalement notre rapport au temps, à l’espace, et pour finir à nous-même.
Cet homme errant, à la manière d’un Pessoa qui aurait pu quitter Lisbonne pour partir à l’autre bout du monde, se perd d’un pays l’autre, avant de se perdre aussi dans l’écriture.
Une écriture qui, basculant à son tour du papier à la mémoire d’un disque dur, offre un vertigineux refuge virtuel, avant d’être rattrapée par l’obsolescence des supports électroniques. Symbole alors de toutes les opportunités ouvertes par ce nouveau support, et l’incroyable fragilité aussi qu’il porte en lui.
« Retour sur Soi » voyage ainsi au cœur de notre propre fragilité. Interrogeant ce qu’est la littérature, ce qu’elle transporte et qu’elle laissera, ou pas. On est là au cœur de la problématique littéraire la plus essentielle. Son rapport à la disparition, à l’éphémère, sa tentative désespérée de retenir le temps, les souvenirs. Au fond, tout ce qui reste de nous. Si seulement on peut un jour savoir qui l’on est.
Outre cette réflexion puissante, le texte est d’une qualité littéraire sidérante. D’une beauté inoubliable.
« Retour sur Soi » – Anh Mat – Editions QazaQ – ISBN : 978-2-49283-50-9
Je ne saurais douter un instant de la force de sa démarche qui balaie loin devant elle tout obstacle après l’avoir apprivoisé, tenu à distance puis pulvérisé. 🙂
L’idéogramme Lý en chinois est composé de la combinaison tracée de 2 idéogrammes ‘’arbre’’ et ‘’enfant’’ signifiant ‘’un enfant sous un arbre’’. Et ce patronyme chinois Lý se retrouvant sur la terre du Viêtnam se confond avec le nom commun de ‘’lý do’’ ou ‘’lý giả mạo’’ signifiant dans la langue courante Viêt ‘’la raison’’ ou ‘’le faux’ … ainsi sortilége et destin de la sonorité apatride des mots humains sans frontière …
Chữ Lý trong tiếng Hán ghép viết từ sự kết hợp của 2 chữ tượng hình là « cây » và « em bé nhỏ » có nghĩa là « một đứa trẻ dưới gốc cây ». Và cái họ Lý của người Hoa vào trên đất Việt tạo ghép với tên hai từ »lý do » hay ‘’lý giả mạo’’ ra một nghĩa khạc trong tiếng Việt thông dụng … cỏ thế đấy là vần mệnh tử tiếng của những không còn biên giới …