
tout ce qui voit parle regarde tout ce qui vit s’anime dort meurt c’est dedans – y tient forcément reste toujours quelque part quelque chose à y enfermer et toujours un peu de cette pâte poudre de langue et salive pour faire bloc colle – mortier pour se sentir bien autour de son dedans mais ça ne prend pas survit l’illusion : on a bien appris à vivre large dans six faces de cube mais ça ne prend pas. ça sent trop l’étroit trop l’épaisseur ça ne ment pas l’épaisseur de ce frac : peau dure armée qui contraint contient tient le corps là sans bouger rigueur de pieu fiché de bas en haut qui fait tenir droit l’ensemble par le cul tenir droit le petit tas raide de peu de choses de peu mais agrégées serrées à un point – pour respirer encore dans la croûte il faudrait pour un peu demander pardon aux barreaux pour un peu tirer sur les soudures et dans le repli même : ne reste qu’un trait qu’on tire et qui ne recouvre rien et qui ne suffit pas à faire disparaître murs sol plafond. c’est toujours aussi épais de murs haut de sol bas de plafond des années qu’on s’y cogne alors non – ça non plus ça ne prend pas on voudrait garder le tout à vif au chaud à l’étouffée – on ne s’y prendrait ni mieux ni autrement et le pire : si tout restait à faire on referait tout à l’identique : tout parce que pas de modèle parce que pas de repère parce que rien juste une vague idée de ce qu’on est quand on n’est que – et avec ça on ne va pas loin et pas loin c’est devant pas loin c’est là juste
– là
Texte : Anna Jouy
Illustration : Gustave Moreau