Traces

quelques traces qui attendent
comme nous
modestes
qu’une mer vienne
et qu’elles s’effacent

puisqu’un jour nous fûmes
à chanter
au monde
et utiles
à quelques passants solitaires

l’onde de l’eau
en son sein
ainsi
gardera invisible
l’image de notre course

notre énergie fossile

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Sur l’épine du fer

sur l’épine du fer
acérée pour le sang
elle a tissé sa toile
l’araignée de la nuit
et l’aube a décoré
d’un voile frais
de rosée
le tranchant de ses pics

on pourrait se méprendre
devant la beauté simple
que nous laisse l’image

mais c’est pour la blessure
pourtant
le barbelé posé autour de notre terre
pour préserver le bien
d’un riche propriétaire
c’est pour la prison
qui enserre les hommes
aussi
ou pour empêcher
le désir d’être libre
en passant la frontière

et l’araignée a faim
mais quand il voit le fil
le papillon se tourne
vers un ciel différent

ainsi tout est à prendre
à des degrés divers

aiguise encore ton œil
mon ami
tu es sur le chemin

Illustration : Bernard Fauvel

Textes : Zakane