Avec KINTSUGI, Carol Delage s’inscrit dans la lignée de ces artistes qui, de la photographe Francesca Woodman à la poétesse Marina Tsvetaïeva, n’ont cessé de creuser au plus profond de leur vie et de leur personnalité leur art et leur écriture.
Une mise à nu, au prix d’une grande rigueur technique, ou d’un usage de la langue au cordeau. Dans ce recueil, les textes se suivent, comme le déroulé d’une expérience. Une sidérante plongée dans une poésie frontale, économe de ces mots mais d’une puissance esthétique évidente et immédiate.
Si la vie d’un auteur, dans chaque œuvre, est à chercher entre les lignes – même et surtout son absence – KINTSUGI s’impose comme un recueil majeur, non seulement parce qu’il recèle sa part d’intimité, de biographie, mais surtout parce qu’il s’en échappe, et qu’il ouvre sur une langue poétique de toute beauté, limpide et profonde, pétrie de référents, de pensées fulgurantes.
KINTSUGI est l’acte artistique d’une âme qui fut brisée, avant de se réparer lentement, en posant, texte après texte, les conditions, non de la survie, mais bien plus que cela, d’une bouleversante résilience. En suivant, en quelque sorte, les principes de la réparation des laqueurs japonais.
La poésie de Carol Delage est « cette langue oubliée » qu’elle ressuscite, éclatante de justesse et de précision, renversante de lucidité et de courage.
Rayonnante et sombre, irradiée de lumière ou dans les méandres d’un noir questionnement, l’auteure tisse un recueil d’une sidérante vérité, d’une très grande portée littéraire.

Nuit
Comment te décrire ce qui traverse mes oripeaux,
cette brûlure jusqu’au fond des os,
T’expliquer que dans le laid c’est vrai il n’y a pas de beau,
T’évoquer les heures de silence à couver sous la peau,
Les tumeurs d’une pensée tronquée par des visions falsifiées.
Comment te dépeindre le désert où s’égare l’amour gangrené
En l’absence de repères étoilés ?
KINTSUGI – RECUEIL DE POESIES – CAROL DELAGE – ISBN : 978-2-492483-22-6