A Aimé Césaire, qui a inspiré les deux premières lignes
Au bout de ce petit matin, les protubérants, les exubérants solaires enfermés, la guerilla du dedans, vache de bougnat, vache de gaucho, les trublions assermentés, les rêveurs du jour, les chieurs divins, va- t’en leur disait- on, va -t’en, ton intellect est un clapier, tu t’prends pour qui ? tes cheveux gamellent, tes senteurs sont pourries, ta réalité n’est qu’un sale kouac. Tu t’es trompé, conno, ton jour purulle, ta joie est une infection, fous le camp conno, si tu en as, fous le camp définitif, et nous pourrons enfin
Sur la terre
établir du sérieux.
Au bout de ce petit matin
La rue obèse,
Les voi-tures-graisse
L’usinage
La chiourme
Les cerveaux à crachins
Le coup
Du même
tampon
Sur un courrier- standard
Monsieur, z’êtes viré,
«à la porte conno
Dégage, conno,
Tu t’ crois vraiment
Rentable
? »
la terre sous lie-conso
les industries foutues
l’agriculture itou
le préchié à perte de bouche
Des plans de sueur humaine
Planète grognant d’exténuement
Sous la schlague
Des obsédés de pognon
L’empoisonnement général
des esprits, la merdiathèque
T’es pas content conno
Tu t’ prends pour qui ?
Arrête de rognonner
Ceux de déglinguerie aussi,
Regard vitreux
vieux kroumirs sdf
Comptant leurs pus
Et dormant dans la rue
sur du carton bouilli,
déchets
crevures
dans les
décembres, dans les décombres
combien
sont-ils ?
leurs « duvets », putain,
sac de pelures !
amassis de vomi
les rats d’la pub autour
couinant,
comment faire ?vertugadin
qu’ça dépense plus
bénéfices, bordel
objectifs, plans de carrière ?
Vous allez
Vous remuer nom d’une couille !
Les gueux de toutes farines
Puis saint Gavé il y avait :
Saint Gavé de toutes
les inanités
priez pour nous
pauvres gadgets imbéciles
Saint Gavé
De tous les marchés
Vous allez l’ouvrir
Votre oseille
ou pas !
Y a des plans d’épargne à piquer
Saint gavé
De l’obésité spirituelle
Et du gras double
mental
« Nous sommes heureux
Notre mur est de l’aisance
Ça pense dans nos promos
Actionnairons, actionnairons »
Cathédrales de Saint Fric
Oh que Je m’agenouille
devant vous.
Cathédrales de Saint Fric
Oh que je m’agenouille
Devant vous.
Je ne vais pas
Me faire
Cuire
Un œuf.
Texte : Pierre Lenoble
Poème téléchargeable en entier ici : Pierre Lenoble – Blues du Dodekaconno