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une douceur, et une petite brise – à demi allongée, les pieds levés appuyés à la rambarde, les yeux dans le ciel pâle ou sur la large, longue, coulée du fleuve, verte ou d’un beige bruni par la terre
l’immensité, le goût de l’éternité
en dehors du temps, en un lieu autre, comme un dehors de la vie ordinaire,
s’installe la permanence, malgré les légères, ou parfois brusques, variations de la végétation des rives, un groupe de maisons soudain et un ponton, et puis le rideau vert qui revient, et l’oeil qui se fait indifférent, qui glisse au même rythme que la coque
s’installe peu à peu, dans la fuite de l’eau, un peu d’ennui, abandon délicieux
abandon délicieux qui s’approfondit, devient gêne, risque l’insupportable
poser les pieds sur le plancher, les masser, se redresser dans une brusque envie de mouvement
brusque désir qui s’effiloche instantanément, se fait velléité, vague élan sans but, sottise
en sourire, se renverser, reposer les pieds contre la rambarde
regarder ou fermer les yeux par moments, dériver, se faire petit noyau d’absence, s’installer dans ce rien sans fin.
Et quand la fin vient pourtant, quand les corps remuent, débarquent, ne pouvoir se décider à reprendre pied dans la vie, rester là un long moment, dans le désir de prolonger indéfiniment cette vacance.
Texte et photo : Brigitte Celerier
« La vacance » au bord de l’eau : on devrait employer plus souvent cette expression !
me plairait d’avoir l’occasion de l’employer