Elle était calme, impassible, mains sages et visage offert et fermé, visage rosé comme un délicate pétale, mais sans l’éclat de la rose, plutôt d’une églantine. Une églantine qui aurait été retouchée, dont le teint aurait été, par une méthode inconnue, rehaussé sur les joues, un pétale d’églantine éternisé sous une très fine plaque de verre.
Elle était quiète, épaules relachées, mains posées dans son giron, tête souplement droite, fines lèvres esquissant un sourire et paupières légèrement baissées sur le regard.
Elle ne manifestait rien d’autre que sa présence, simplement. Elle était maîrise, conscience de soi, de sa place, de sa lignée, sans arrogance ni timidité. Elle était affirmation.
Elle était ferme comme un joli caillou.
Elle aurait pu faire naître un agacement, un début d’agressivité, s’il n’y avait eu cette douceur, la sensation qu’un esprit était là, mystérieux à force de réserve, de retenue, dans ce corps lisse.
Et peu à peu venait un désir de la voir sortir de ses gestes, ses attitudes, ses courtes phrases, conventionnelles.
L’envie de faire partie des rares élus autorisés à savoir ce qui était derrière ce sourire mince, cette justesse, ces vêtements à la sobriété raffinée.
L’envie peut-être de lui découvrir une félure, de pouvoir s’y infiltrer, de toucher son esprit, de lui devenir nécessaire.
Texte : Brigitte Celerier sur un portrait d’une femme sud-allemande, attribué à Hans Holbein le jeune – 1520 -1525, Musée het Mauritshuis de la Haye, Pays-Bas
le regard de cette femme… sous le vôtre. ***