Yellow-Horse - toilesansanecdote-d- cheval jauneYellowhorse – Carol Shapiro – huile et papiers sur toile

avec une carte de Jan Doets « oiso tora-ga-Ame »

 
On m’avait dit : « pas d’anecdote dans la peinture », juste du peint, du signe, du truc sans rien.

Alors c’est un vrai cheval et jaune, et avec même des airs de s’en aller, qui est venu pour défaire la méthode des penseurs de plomb.

Ce n’est pas un cheval ordinaire, il apporte des choses venues de je ne sais où, avec des retards indéfinissables, des « maison de thé »  où échouer sa barque, des pluies fraiches pour nettoyer le vent.

Oisooiso tora-ga-Ame

Des lieux, juste pour poser ses lanternes, et porter un plateau de thé avec la lune dans chaque tasse.

On a bu la lune. Doucement elle s’est mise à rouler, à s’avancer dans le tournis des idées. Elle a penché la tête pour voir comment se penchent les herbes. Et elle a glissé, comme elle glisse toujours, dans le cosmos à l’infini.

La lune tombe à l’infini, le cheval jaune cherche son anecdote.

Celle qui l’a mis en couleur, celle qui l’a fait se poser sur un bout de tissus blanc et révélé. Il a attendu les papiers, la couleur. Et que le geste soit celui de la lune.

Parce que la lune peint en tombant. Elle ne veut pas que son chemin reste sans traces, alors elle dessine dans l’eau des traits scintillants qui nous cheminent au bord de l’eau. Nous accompagnent, dirait la dame qui marche souvent avec elle.

La dame et le cheval n’ont rien en commun. La dame marche et oublie. Le cheval cherche sa « vérité ». Il cherche sa véritable nature. Le bruit d’une seule main qui claque dirait un maitre zen. Mais au delà : la nature du monde des cachous, la nature du monde des pigments ocre des carrières. Qui font voler de la poussière couleur soleil de juin.

Le cheval a rencontré la pluie de la maison de thé, même si ce n’est pas la même géographie.

Il s’est rafraichi à la source de l’eau des mémoires et a dédié sa vie, sa naissance, comment dire : sa présence aux diseurs de foire, aux bonimenteurs, aux inventeurs de tous les quartiers, ceux des bars mal famés surtout.

Il a sauté vers le Golden Gate pour voir rouge, et la mer lui a donné un reflet de la lune. Alors le cheval a souri.

Et, comme on le sait….

Texte et peinture : Carol Shapiro, dimanche 26 avril 2104, pour les cosaques des frontières
(les images peuvent être agrandies par cliquer dessus)

La reprise de 30 avril 2014