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Mer nha Trang 2

Peut-être ne fallait-il pas dire, ne fallait-il pas savoir…
« que les mots avaient un poids immense, qu’on pouvait parfois jouer avec le temps et gagner la partie ».

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…car cette traversée contre le temps ne se serait pas tant étendue car dans le havre des chagrins le désir devenu transparent accosta aux bords d’un sourire… dans l’odeur mouillée d’une mousson perdue:
Gibraltar, un marin.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…
car cette arôme de sang était grise car sa chance était une brume d’hiver… à s’égarer dans les canaux vert et or d’un masque de carnaval à danser sur une mélodie de promenade fiancée à l’horizon mandarine:
une certitude ambulante d’un mendiant.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…
car une vie ne se mélange pas à une vie car seuls les nuages sont à se confondre sans crainte… pour une averse d’émois de février dans le trouble d’une après-midi des images jaunies d’un souvenir:
un barrage contre un sentiment du Pacifique.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…
car la bise de l’oubli s’est posée sur les lèvres, car la gêne étreinte s’est retrouvée étrangère dans les regards… au devant de ces mains orphelines d’un secret:
une princesse devenant eau de lagune.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…
car cette histoire contre la vie ne peut pas mourir car elle n’a été que paroles échangées et gravées dans la peau d’un murmure balbutiant une promesse… à ne pas vouloir faire n’importe comment:
et pouvoir l’habiter d’une éternité.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas l’écrire…
car cette fiction se devait d’être clandestine car elle se devait d’être tue pour ne pas être prise dans les flux et reflux des imaginaires, elle se devait de ne pas être… pour exister:
et la chose ainsi enfouie dans ce qui s’appelle une réalité.

Peut-être ne fallait-il pas le dire, ne fallait-il pas savoir…
et dans les mémoires annamites de ces villes tropiques méconnaissables on se cache…  pour n’être pas ce qui a été, pour avoir à garder précieux ce qui fut désormais enseveli:
Indochine mon Hiroshima.

Texte et image : L’apatride