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Archives de Tag: Confessions intimes

Confessions intimes 18 : Pictura

19 vendredi Fév 2016

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Confessions intimes

Pictura

Encore un matin, beau et blond sous mes doigts.

J’aime ces petits matins où l’océan, mon père, se retire et me laisse un immense tableau vierge.

Tout m’est permis.

Mon père, Neptune m’a donné ce don. Mes sœurs disaient que j’étais sa préférée, et qu’il m’avait fait le plus beau des cadeaux, le don de l’Art. Elles disaient qu’elles n’avaient hérité que du mauvais côté des océans.

Elles ont la lourde tâche de préserver notre monde des bêtises des hommes. Je reconnais que leur travail est de plus en plus lourd. Moi, je n’ai rien d’autre à faire que d’exercer mon talent pour que le monde admire notre océan, pour que les hommes l’aiment. Secrètement, je me dis que si je réussis mon travail, les hommes apprécieront tant la mer, qu’ils n’auront plus envie de l’exploiter ou de la détruire. En fait, c’est qui sauverai le monde !

Que croient-elles mes harpies de sœurs ?
Que c’est facile peut-être !

A l’instant précis où la lumière pointe derrière l’horizon, je rassemble mon orchestre et je laisse libre cours à mon imagination.

Mes musiciens attendent que je sorte des vagues et que je me place en haut de la dune.
Ils retiennent leur souffle.
Ils sont prêts.

Musique Maestro !

Premier mouvement : Allegretto Accelerando. Les vagues glissent sur l’estran, se chargeant de sel et de sable. La musique monte, descend, glisse, s’insinue sous les algues, les soulève et se retire. D’abord les violons, puis les cuivres, puis les cymbales….

Second mouvement :  Adagio Cantabile : Le sable devient mouvement, il danse avec le sel, s’étale et valse dans le ressac. Saturé d’eau, il dérape entre les galets, lèche les laisses de mer. Il serpente sous les courants, il coulisse sous les notes du vent.

Troisième mouvement : Espressivo Lento. Le sable se retire des vagues, avec une infinie douceur. Le vent se lève et le retient. Ils joutent, titubent et se traînent l’un l’autre par les cheveux.

Le silence retombe sur l’estran.
Les premiers promeneurs se montrent. Ils vont pouvoir admirer notre œuvre.
Chut ! tout le monde regagne ses pénates en silence…

Je m’élève légère au-dessus d’eux. Ils ne me verront pas de toute manière, je suis si transparente. Je veux voir la réaction de ce petit garçon. J’aime tant voir leur sourire devant mes œuvres…

Il court, les cheveux au vent. Il rit. Il aime le vent !
Il est beau cet enfant, si beau avec ses boucles brunes et ses fossettes.
Il s’arrête. Il lève les bras vers le ciel ;

« Maman ! Maman ! Viens voir, comme c’est beau ! »

Ça y est : il a vu mon œuvre. Oh comme j’aime son sourire. C’est ma plus grande récompense, le sourire des enfants.

Sa mère s’approche. Elle regarde les arbres que j’ai dessinés sur l’estran, elle regarde la lumière qui joue sur les ombres et habille mes baobabs d’étincelles. Elle sourit comme son fils et dit :
« Tu as raison c’est très beau ce que l’océan dessine sur le sable en se retirant, vraiment très beau ! Ne marche pas dessus, ça sera dommage de le faire disparaître… »

L’enfant lève les yeux vers le ciel et lui répond :

« Je ne vais pas l’abîmer maman, je ne voudrais pas faire du chagrin à la jolie fée qui l’a dessiné ! »

La mère rit et ébouriffe sa tignasse en passant.

« Mon fils, j’adore l’imagination que tu as ! »

Elle part en courant le long de l’estran en lui faisant signe de la suivre. Avant de lui obéir, l’enfant se tourne vers moi et me fait un clin d’œil en disant :

« Merci petite fée, ton dessin il est très joli ! »

Et il part, en me faisant un signe de la main.

Cette journée commence très bien. Encore un matin, beau et blond sous mes doigts. Tant qu’il y aura des enfants et des matins blonds, je ne me lasserai pas de dessiner pour eux…

 

Texte et photo : Marie  Christine Grimard

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Confessions intimes 17 : Caboche

30 samedi Jan 2016

Posted by lecuratordecontes in Marie-Christine Grimard

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Confessions intimes

Mouette

J’en ai assez de cette mouette.

Elle prend ma tête pour un perchoir, ou pire pour un lieu d’aisance.

Je ne supporte plus cette jacasseuse.

Je ne supporte plus ses piaillements. Est-ce que je crie moi ?

Elle passe sa vie à crier, chaque jour, pour n’importe quel prétexte.

Il fait beau, elle crie.

Il y a du vent, elle crie.

Il pleut… non là elle ne crie pas, elle se cache au fond du nid ou elle part à la chasse.

J’aime bien quand elle part en chasse, j’ai la paix pendant quelques heures. Mais quand elle revient, avec sa pêche, il faut que je retienne ma respiration.

A cause de l’odeur. Je n’ai jamais aimé le poisson. Jamais !

Quand le sculpteur mangeait du poisson, ses mains en gardaient l’odeur pendant la journée entière. C’était écœurant.

Lorsqu’il nous a installé au faite de ce toit, j’étais heureux en me disant que je ne sentirais plus jamais cette odeur de poisson. Eh bien, je suis servi !

Je suis devenu le repère de toutes les mouettes du quartier, génération après génération. Et j’ai dû supporter l’odeur de toutes les sardines du port, année après année.

Je me demande ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il me le fasse payer en monnaie puante et piaillante…

Enfin, depuis deux jours, je suis tranquille. La mouette qui a élu domicile sur le sommet de mon crâne a disparu. Cette nuit, le vent a soufflé dix fois plus fort que je ne l’ai jamais senti. Les hommes dans la rue criaient et se précipitaient à l’intérieur. Je les ai entendu parler de la «tempête du siècle». Je me demande ce qu’ils voulaient dire. Ils exagèrent toujours de toute manière. Il y a eu beaucoup de vent, je dois dire, des éclairs et des éclats de tonnerre à n’en plus finir, pendant des heures. Si je n’étais pas de pierre, je crois que j’aurais eu un peu peur…

La peur, en fait, je ne sais pas ce que c’est. Mais ça semble assez désagréable.

Enfin, je ne sais pas trop. Moi, je ne risque rien, puisque je suis de pierre. Je suis fort comme un roc. Je suis tout de granit et je suis plus fort que le vent et que le temps. C’est ce que disait toujours mon sculpteur de père. Il était fier de moi, parce que j’allais défier le temps et le vent !

Le soleil se lève. Troisième jour depuis la tempête.

Mais qu’est-ce qu’elle fait cette mouette ?

Où est-elle passée ?

Elle me manque cette oiselle sans tête. Elle me manque avec ses odeurs de poisson, ses piaillements, ses plumes qui me chatouillent le crâne, ses fientes… Non pas ses fientes ! Quand même pas…

Mais elle me manque !

Je n’aurais jamais pensé qu’un jour j’en arriverai là…

Encore une journée sans elle. Et si elle ne revenait jamais. SI je finissais ma vie seul ici, pendant des jours et des jours, dans le silence.

S’il vous plaît, Dieu des nuages, dieu de la mer, Dieu du vent, Dieu du temps : s’il vous plaît, rendez-moi ma mouette !

Rendez-la moi !

….

Et voilà… Silence…

Il ne m’entend pas ! De toute manière, depuis le temps qu’il est assis, là-haut sur son nuage, il doit être sourd. Je parie qu’il a connu Mathusalem. Je parie qu’ils étaient à l’école ensemble.

Bof de toute manière, les dieux n’entendent jamais les hommes. Ils attendent qu’ils se débrouillent seuls. Ils leur laissent faire toutes les bêtises possibles et après ils leur disent qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent : le chagrin et le malheur. Inutile de compter sur l’aide des Dieux, mon vieux. Et en plus, moi, je ne suis même pas un homme, alors…

Il vaut mieux que je m’habitue toute de suite à rester seul. Il vaut mieux que je me fasse une raison.

…

Mais que vois-je là-bas, à contre-jour dans le couchant ?  Un planeur ?

Non, un goéland. Non, une sterne ! Mais non : une mouette.

MA mouette !

Elle est revenue. Elle piaille et se pose sur ma tête, en secouant ses ailes avec son petit air triomphant. Elle n’est pas gênée ! Quelle impudence, elle m’a couvert de varech. C’est fou ce qu’elle avait comme algues coincées dans ses plumes. Et qu’est-ce qu’elle tient dans son bec ? Une sardine à moitié faisandée ! Oh ! l’odeur !

Oh, mon Dieu :  l’odeur, les cris, les plumes, le varech séché, la chair faisandée du poisson.

Oh mon Dieu ! Merci ! Merci ! Merci de me l’avoir rendue ! Sans elle je n’étais plus qu’une vieille tête de pierre sans vie. Merci de m’avoir rendue ma vie, mon Dieu. Tu n’es pas sourd, finalement, hein vieille branche !  Je savais bien que tu étais là, c’est Mathusalem qui me l’avait dit.

Allez, à charge de revanche !

 

Texte et photo :  Marie Christine Grimard

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Confessions intimes 16 : Oliveiro

18 vendredi Déc 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Christine Grimard

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Confessions intimes

Confessions-16

J’ai toujours été ce que les gens appellent un « bon vivant ». Cela se voit sur ma figure.

Je suis un petit homme trapu, jovial, joufflu. La nature m’a doté de belles pommettes rouges qui éclairent mon visage. Mon sourire est souligné par une moustache frisée brune, mes cheveux bruns disciplinés sous mon chapeau de paille ont toujours beaucoup plu aux belles provençales, et même aux arlésiennes, qui comme chacun sait sont plus difficiles…

J’ai parcouru tous les chemins de notre belle Provence, de la Fontaine de Vaucluse jusqu’aux rivages de la Bonne Mère. J’étais fils de potier, mais à cette époque la concurrence était rude. Les pots de mon père ne se vendaient plus, alors j’ai eu l’idée de les remplir pour mieux les vendre. J’ai pris la route pour proposer mes pots vernissés contenant du vin, des olives, du miel ou la tapenade noire de ma mère. Alors quand les oliviers ont gelé et que l’huile se fit rare, on s’est arraché mes pots à prix d’or. Mon père et ma mère étaient très fiers de moi, cette année-là.

En quelques années, ma réputation fut faite. On m’attendait dans les mas de Tarascon jusqu’à Fréjus. Les belles entendaient le grincement de ma carriole et venaient à ma rencontre, flattant mon cheval, et m’offrant leur sourire. J’avais toujours une plaisanterie à partager, surtout les jours où les nuages étaient restés accrochés à la montagne. Un peu de rire offert n’a jamais nuit au commerce, et je n’étais pas avare de bons mots. La Provence toute entière me connaissait et on avait fini par m’appeler « Maître Oliveiro ». Parfois je m’attardais quelques jours quand le soleil était chaud dans certains mas où l’on avait besoin d’un petit coup de main…

*

Mais la route était longue et parfois périlleuse en ce temps-là dans l’arrière-pays. Le jour où la roue de ma charrette se brisa sur un rocher du « Gué de Reculon », j’ai bien cru que j’allais perdre toute ma cargaison. Mon cheval me regardait d’un air navré en secouant la tête, bien qu’il n’y soit pour rien. M’énerver n’aurait servi à rien, mon cheval étant d’un naturel inquiet, je me contentais d’évaluer les dégâts sans me lamenter. Au loin j’entendais l’orage gronder et le cheval devenait de plus en plus nerveux. Je me demandais comment j’allais rapatrier ma marchandise quand je vis une carriole bringuebalante remonter le gué, venant à ma rencontre. Aux rennes il y avait un homme approximativement de mon âge, affable, qui s’arrêta près de moi et me proposa ses services :

  • C’est un mauvais endroit pour faire la pause, la pluie est tombée sur la montagne et le gué va monter rapidement. Il faut dételer et reculer la carriole, dit l’homme.
  • Impossible, la roue est brisée. Ma marchandise sera perdue, me lamentais-je.
  • Je vais m’occuper du cheval, répliqua l’homme en descendant de sa charrette, récupérez votre cargaison et mettez-la dans ma carriole !

Sans attendre mon approbation, il détela mon cheval qui le regardait d’un air surpris mais le suivit docilement et l’attacha aux côtés du sien. Les deux bêtes se jaugèrent puis s’acceptèrent. Ensuite il vint m’aider à vider ma cargaison et à la transférer dans sa carriole. Il transportait quelques grosses masses informes enveloppées dans des linges humides. Quand tout fut accompli, il remonta dans son charriot en m’indiquant la place à côté de lui et dit :

  • Je retourne à Aix, où vous rendiez-vous ?
  • Je faisais la tournée des villages du Coté de Saint-Michel, mais je ne peux le faire sans ma carriole. Je vais rentrer à Eguilles, et trouver de quoi réparer. Je vous remercie de m’aider, sans vous j’aurais perdu tout mon travail.

*

Durant tout le trajet de retour, j’eus le temps d’apprécier la compagnie de cet homme. J’appris qu’il était santonnier. Il était venu d’approvisionner en argile et rapportait à Aix assez de matière pour travailler tout l’hiver. Son père était santonnier et il entretenait la tradition, mais ce qu’il aimait c’était inventer de nouveaux personnages. Il disait que la crèche traditionnelle comportait trop peu de santons, et que son rêve était de la peupler de tous les humains qu’il rencontrait. Tous les hommes et les femmes de bonne-volonté avaient leur place dans la crèche auprès de l’Enfant-Dieu. C’était un homme très attachant que je pris grand plaisir à entendre, aussi la route me parut très courte. Nous arrivâmes à Aix en début de soirée et il me proposa de m’héberger pour la nuit. J’acceptais avec soulagement et l’aidais à décharger ses pains d’argiles ainsi que mes poteries pour les mettre à l’abri pour la nuit. Il fut très intéressé par ma marchandise et je lui fis goûter le fruité de mon huile et de mon vin en partageant le repas avec sa famille ce soir-là. La soirée fut des plus agréables.

Le lendemain, il me proposa de me raccompagner à Eguilles, mais je refusais, ne souhaitant pas perturber son travail plus longtemps. Je lui donnais plusieurs pots d’huile et de tapenade pour le remercier de son hospitalité, et lui remerciais de garder ma marchandise en attendant que je revienne avec une nouvelle charrette pour l’en débarrasser, tout en disposant un certain nombre de pots autour de mon cou pour le voyage. Il accepta, et me demanda s’il pouvait faire un croquis de moi avant mon départ ainsi paré, pour garder un souvenir de notre rencontre. J’acceptais bien sûr et lui fit cadeau de mon plus beau sourire pour son dessin.

Trois jours plus tard, je revins pour récupérer mes pots. Il était en plein travail, une armée de santons d’argile alignés devant lui attendant d’être peints. J’examinais la finesse de son travail et la sûreté de ses gestes. Il sourit de mon intérêt, et installa le santon qu’il venait de peindre sur le rebord de la fenêtre de son atelier pour qu’il sèche. Il y en avait des dizaines, représentant tous les villageois, depuis le maire avec son écharpe tricolore et le curé avec sa soutane noire, jusqu’au Ravi, les deux bras levés vers le ciel en chemise et bonnet de nuit rayés. J’admirais ce peuple miniature, bouche bée devant tant de détails patiemment reproduits.

Souriant de plus belle, il se leva, et me dit :

  • J’ai une surprise pour vous. Je vous présente Maître Oliveiro.

En prononçant ces mots, il se tourna vers une armoire de bois, en ouvrit la porte massive et me demanda d’approcher d’un geste de la main. Je m’exécutais.

La surprise me cloua sur place. J’en resta muet pendant plusieurs minutes, moi qui avait la plus grande répartie de toute la garrigue !

J’étais là, en plusieurs exemplaires bien sagement rangés sur les étagères de l’armoire. C’était mon sourire, ma moustache, mon chapeau de paille, et ma veste rouge. J’étais là, bien droit, avec mes pots vernissés de vert autour du cou. J’avais mon santon.

Il prit un des petits personnages dans sa main rugueuse et me le tendit en disant :

  • S’il vous plaît je l’ajouterai dans la crèche cette année. Qu’en dites-vous ?
  • C’est extraordinaire. C’est fou, c’est incroyable…

La surprise et l’émotion me faisaient perdre mon assurance habituelle et voilà que je me mis à bégayer. Son sourire s’accentua, il était ravi que sa surprise eut si bien fonctionné.

Je balbutiais :

  • Je ne sais comment vous remercier pour toute cette générosité…
  • Votre visage vient de le faire pour vous, répondit-il. Et en me laissant vous ajouter à mon village, vous m’avez fait le plus beau cadeau qui soit.

Je ne savais plus quoi ajouter. Comprenant mon émotion, il me raccompagna et m’aida à installer ma marchandise dans mon nouveau charriot. Je le remerciais chaleureusement et le serrais dans mes bras avant de monter sur mon siège.

Il me regarda fixement, des larmes au coin de l’œil, et me glissa dans la main, un exemplaire de « mon santon » en disant :

  • Faites bonne route, et prenez bien soin l’un de l’autre. Et surtout : Bon Nouvè** !

*

Texte et photo Marie-Christine Grimard
Note : ** Bon Noël

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Confessions intimes 15 : Pila

13 dimanche Déc 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Christine Grimard

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Confessions intimes

Confessions 15

Mon temps est revenu.

Celui des cris d’enfant, celui des paillettes et des guirlandes étincelantes. Celui des longues nuits et des jours de givre. Celui où l’air est chargé d’espoir. Je l’ai toujours su, mais sans bien comprendre ce qui se passe autour de moi. Je sais simplement que décembre est le temps des espoirs, je l’ai entendu si souvent…

C’est mon temps aussi. Chaque année durant un petit mois, on m’exhibe. J’ai le droit d’exister après de longs mois de silence et d’obscurité. J’ai le droit de sentir sur moi le regard pétillant des enfants.

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

Chaque année, des mains me sortent de ma prison de soie. Des mains lisses parfois, des mains fripées d’autres fois. Des mains de tous âges. J’aime sentir ces mains douces et chaudes se poser sur moi, elles me réchauffent le cœur. J’aime sentir le regard des enfants sur moi, ils me réveillent l’âme. La première fois, c’était il y bien longtemps, près d’un siècle. C’était un regard bleu, profond, presque turquoise. Sa mère venait de nous acheter, moi et mes sœurs et il avait ouvert la boîte où nous étions toutes rangées soigneusement ; soudain son regard s’est chargé d’étincelles et il m’a prise dans petite main. Sa mère lui a recommandé de faire bien attention, lui expliquant que j’étais faite d’une pâte de verre très fine recouverte d’un peu de peinture et de quelques paillettes, et que j’étais très fragile. Il a fait très attention, et chaque année en janvier il m’a rangée dans ma petite case bien protégée dans ma gaine de soie pour me ressortir en décembre. Je l’ai vu grandir peu à peu, mais son regard a toujours gardé le même éclat quand il me regardait.

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

Puis un autre petit garçon qui lui ressemblait beaucoup a pris la relève, il avait le regard grave des enfants soucieux mais il a pris grand soin de moi comme lui a recommandé sa mère. J’aurais bien voulu que ce regard s’éclaire, alors j’essayais de briller de mille feux mais je crois que je ne l’ai jamais vu sourire. Pourtant je suis faite seulement pour cela, pour faire sourire les enfants…

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

Durant les années suivantes, on ne m’a plus sortie de ma boîte. J’interrogeais mes sœurs qui ne comprenaient pas plus que moi pourquoi on nous laissait dans le noir. Même l’ange de la crèche qui était sur l’étagère du haut était incapable de nous dire ce qu’il se passait. Pourtant, il était dans les secrets du ciel !

Cela a duré plusieurs décennies il me semble, et un jour on nous a déménagées. Il m’a semblé que le voyage était très long. Au loin on entendait gronder les canons. Nous avons été ballotées sur des routes cabossées, nous avons été maltraitées. Après de nombreuses heures de ce régime difficile, notre boîte est tombée au milieu d’un amas d’ustensiles et de valises. Plusieurs de mes sœurs n’y ont pas résisté. Moi, j’ai tenu le choc en m’accrochant à ma soie protectrice. Elle et moi on a survécu. Mais désormais nous étions seules, mes sœurs étaient réduites en éclats de cristal. Je pensais que mon heure avait sonné, mais une petite fille aux boucles brunes m’a retrouvée. Je reverrai toujours son regard quand elle a déplié ma gaine de soie, en criant à sa mère qu’elle avait trouvé une boule intacte. En un instant, son sourire m’a fait oublier toutes les frayeurs que je venais de vivre.

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

Puis la petite fille a grandi et d’autres sont venues la remplacer. Le temps des humains passe si vite. Mais générations après générations, je reconnais leur regard bleu pétillant de plaisir, le même regard que celui du petit garçon qui m’a appris comment briller et tenir mon rang au milieu de ces branchages. Il faut dire que sans moi, ils seraient bien tristes et d’un vert affligeant ces sapins avec leurs aiguilles dégoulinantes de résine !

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

Demain, ils ressortiront ma boîte et je reverrai la lumière de ce nouvel hiver. Je le sais, parce l’odeur du sapin a envahi mon espace. La roue a tourné une année de plus.

Mon temps est revenu.

Je me demande quelle sera la petite main qui me sortira de ma cachette cette année. J’aime avoir la surprise. Un petit garçon au regard malicieux, une petite fille au regard curieux, peu m’importe, je serai heureuse de les voir me contempler. Je serai heureuse de faire naître leur sourire. Je serai heureuse de partager leur espoir.

Il faut que je me prépare pour être la plus belle lorsqu’ils écarteront mon écharpe de soie et qu’ils s’émerveilleront de ma couleur. Il faudra que je me prépare au nouveau choc de me voir briller dans leurs yeux. J’aime tant ces regards d’enfants heureux.

C’est magnifique, le regard émerveillé d’un enfant. C’est unique.

 

Texte et photo de Marie – Christine Grimard

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Confessions intimes 14 : Candela

27 vendredi Nov 2015

Posted by lecuratordecontes in Marie-Christine Grimard

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Confessions intimes

Bougie

Je dormais paisiblement dans ce placard poussiéreux depuis des lustres. Elle est venue le fouiller ce soir-là, fébrilement, je me demandais ce qu’elle cherchait. J’étais retranchée derrière un rempart de vieux pulls, bien au chaud et à l’abri de la lumière du jour depuis que sa mère m’avait rangée là, quelques jours après Noël. Mais je ne me souviens plus en quelle année…Peu importe l’année et la durée de mon silence. Voilà que je reprends du service !

Elle m’a installée sur le rebord de la fenêtre.

Je suis gelée !

Passer brutalement de la chaleur de mes vieux pulls, à l’air extérieur en ce soir de novembre. Elle aurait pu attendre un peu que je m’acclimate !

Enfin, je vais faire mon travail quand même. Eclairer la nuit et résister à ce vent glacial, jusqu’à ma dernière goutte de cire translucide.

J’ai de l’énergie à revendre, je l’ai contenue durant si longtemps. Ma flamme monte dans le ciel noir, vacille, se contorsionne, épouse les volutes du vent. Nous dansons ensemble sur un air de valse. C’est bon, je suis heureuse de me dégourdir un peu les braises. Une mèche est faite pour brûler et je m’engourdissais au fond de ce placard !

Dès que la nuit est tombée, je les ai vus défiler devant mon appui de fenêtre. Ils étaient vêtus de sombre, le visage tendu, le regard inquiet. Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient si nombreux. Un flot continu de gens de toute taille, de tous âges, de toutes couleurs. Ils avançaient par petits groupes, ou solitaires, se dirigeant tous vers le même point.

Quelques dizaines, puis des centaines.

Je les voyais marcher, sans comprendre ce qu’il se passait mais je sentais bien que quelque chose d’important était arrivé qui fédérait tous les gens dans un même élan. Ce manège durait déjà depuis de longue minute quand un jeune garçon, tenant dans la main un lumignon éteint me désigna du doigt à sa mère.

  • Regarde maman, je pourrais rallumer mon lumignon avec la bougie qui est là sur la fenêtre ?
  • Oui, mon petit, répondit la mère, en jetant un coup d’œil dans ma direction, je ne pense pas que les propriétaires te refusent un peu de feu.

L’enfant s’approcha de moi, un peu timide, me fixant de ses yeux clairs. Il tendit la main vers ma flamme en hésitant un peu, brandissant la mèche de son lumignon comme une supplique. J’eus soudain peur de le brûler. Je penchai mon flambeau tremblant vers ses doigts fins profitant d’un léger souffle de vent pour embrasser sa courte mèche. Son visage s’éclaira soudain à la lueur de son minuscule foyer, et le sourire qu’il m’offrit illumina la nuit alentour. Il me fixa droit dans les yeux, les siens emplis de reconnaissance, et dis dans un souffle :

  • Merci petite flamme, j’emmène ta sœur là-bas…

Je me demandais où pouvait être ce « là-bas » quand un groupe de jeunes gens imita le petit garçon, venant éclairer d’autres bougies à ma flamme. Me penchant un peu vers la rue, j’aperçus près du carrefour, un morceau de trottoir où avaient été déposés des centaines de lumignons semblables. Quelque chose d’important se déroulait et une petite partie de moi allait y participer. Je me sentais fière de mes filles, sans trop comprendre pourquoi.

Et je sus alors que la minuscule étincelle qui m’habitait était plus vaste que le monde, en écoutant la mère du jeune garçon lui expliquer :

  • Il y a longtemps, un homme très sage que l’on appelait Bouddha a dit : « On peut allumer des milliers de bougies à partir d’une seule bougie sans en abréger la vie. On ne diminue jamais le bonheur en le partageant. » Tu vois, ton lumignon, est une partie de cette chaîne, et tous ceux qui le regarderont briller, comprendront l’amour qui brûlait dans ton cœur en ce jour.

 

Texte : Marie-Christine Grimard

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