« J’écris le Souffle » a été écrit à l’occasion de l’exposition de Guillaume Herbaut, « Ukraine : Terre Désirée », actuellement visible à la Maison de la Photographie de Brest, jusqu’au 22 novembre 2025.
Concluant la performance « Terre de Poètes », créée par la Maison Poésie Brest, le 24 octobre dernier, ce poème est offert à Dominique Leroux, directeur artistique de la Maison de la Photographie de Brest. En remerciements de sa confiance.
La Maison Poésie Brest adresse également ses plus vifs remerciements à Guillaume Herbaut et à Patricia Morvan (Agence VU’), pour leur générosité et leur regard.

Ukraine, Kyiv, 20 juillet 2023
Sergyi, 26 ans, était sergent dans la section d’assaut de la 79eme brigade d’infanterie de l’armée ukrainienne quand il a été blessé en juin 2022 dans des combats à Marinka contre l’armée russe. Il a perdu ses deux jambes, a été défiguré et a perdu la vue.
Il va être opéré pour la 21eme fois. Ici, avec sa femme Valeria dans la chambre de la clinique du Chirurgien Rostyslav Valikhnovski avant un opération de la trachée. Ils se sont mariés en automne 2021, quelques mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
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J’écris le souffle
Un seul visage, pour rompre le silence,
qui nous immerge dans l’autre monde.
Au cœur de cette nuit, son battement,
des filtres que l’on brise, pour se retrouver :
Telle est ma nuit, tombée
dans tes bras, tes
cours d’eau…Veux-tu faire
de moi cet instant ?
Qui pourrait durer
une vie, celle qui
demeure auprès de
moi, du jour déclinant
au lever, ces premiers
feux qui prennent
en ville. Et quand le
souffle manque, tu
pourrais le remplacer,
me prendre le visage
et m’insuffler lèvres
contre lèvres
Telle est ma fleur, vivante
dans ta main, espace de parfums
Veux tu dire le silence qui s’abat sur moi,
qui pourrait durer une vie, et celui qui
console la nuit, venue du bleu de ce jour,
Encore violent.
Quand le souffle manque,
tu pourrais le crier au fond de ma gorge,
Pour ainsi faire taire, cette cicatrice qui respire,
un frôlement surgissant.
Dans le creux de cette peau,
j’irai éteindre le feu mémoire, qui vibre
au crépuscule de cet univers sonore.
Déverser, ce monde intérieur,
pour respirer et revivre peut-être,
l’éternel retour.
A la fin de ce chœur, j’entends ce qui te capture.
Au coucher du soleil je te prends avec moi.
Texte : Mona Premel & Yan Kouton