Il pleut sur les remords en espérant des myosotis et des pervenches. Si bon supplice. Goutte à goutte en cadence au beau milieu du front. Plic ploc, plic ploc… un bruit tranquille qui perce l’esprit, un creux, comme un doigt qui m’enfonce bien ça dans la tête, affaire mnémotechnique. Chaque pluie est un puzzle défait et la mer est vaste. Supplice chinois aux drums et moi je joue les caisses claires et les balais d’acier à me frotter contre le son des mots et le corps qui s’en va à la danse, agitation qui coule, comme un printemps d’avance. Mais parfois pour narguer le ciel bourreau, j’ouvre mes lèvres et te lampe mesclun de sens tous confondus. Le corps joue aux ramasse-miettes, des bris de peau, de sons, de ces odeurs que l’on cherche au détour, tout est bon pour tenir. Visionner dans le cadre des doigts une part d’image et tenir la beauté en résidence. Quelque chose pour détourner l’esprit de ses cabrages. Chercher à dérailler. Remplir sa dépression de sable et l’entonnoir des fous à même le cerveau. Oublier, détendre son écrit pour y mettre un à un ce chapelet de trous.

Texte : Anna Jouy – Extrait du recueil « Le Plénum des Sargasses » – Bloc 10