
Me dépecer de
toutes mes peaux
sans ergoter
sans regret
écorce de vieille folle
souvenirs et fictions
vrais fantômes
faux morts-vivants
peau sociale et lisse
sourire et ongles
impeccables
la jeter aux gorets
peau de jeune ânesse
amoureuse de tant d’ânes
aux beaux yeux
passés à sa portée
peau de bébé
à sentir et à damner
tous les ogres
et les ogresses
peau d’ogresse
à dépecer en dernier
tripes chairs à nu
de ma viande
faire théâtre
ou dépecer la peau
du poème
s’en revêtir
Texte : Christine Zottele
Illustration : Carcasse et oiseau de proie, 1980, huile et pastel/toile, 198 x 147.5 cm, Musée des Beaux-arts de Lyon.
Un poème sursaut du moi
dont j’aime (notamment) la progression
et la chute
(quelle pourrait-être notre vraie peau
si ce n’est celle d’un poème
auquel tout notre être … adhérerait)
L’illustration et ses transparence
« colle » parfaitement au poème
l’œil, pour peu qu’il écoute les mots,
peut y retrouver
peaux, fantôme, morts-vivants, goret, âne, ogre et ogresses.
oh grand merci pour ta lecture, Jean-Luc!
Du déguisement
à même la viande
faire théâtre de soi
changer d’aspect,
recouvrir d’une taie
le corps dont on hérite
revêtir la peau de bête,
s’emparer de son pelage,
s’offrir un nouveau look,
oublier la pigmentation
les traces de naissance
s’emparer de la peau des autres,
l’adapter à ses membres,
raccourcir les bourrelets,
couturer ce qui dépasse
se déguiser en homme-sandwiche,
se tatouer des pieds à la tête,
se découper selon les pointillés,
s’offrir un tour en chirurgie
se faire greffer comme un arbre
une fiction esthétique
se payer un anonymat
usurper l’existence
effacer le nombril,
respirer avec la tête d’un autre
dépecer le poème
pour mieux s’en revêtir
manger son propre fantôme
et avaler son cri…
RC
très touchée par cette réponse! merci!