« L’imaginaire Poétique de Brest », publié dans le cadre des Editions QazaQ, remplit toutes les promesses que l’on pouvait avoir quand l’appel à textes fut lancé. La Maison Poésie Brest, dont l’un des objectifs est d’éclairer le patrimoine littéraire de la ville, comme une scène contemporaine foisonnante, réunit là un beau panorama. Aussi large que la rade, aussi divers que les prestigieux poètes qui l’ont visitée, aimée, ou détestée. Jamais indifférents, dans tous les cas, à cette cité à l’histoire aussi dévastatrice que brillante, et dont l’esthétique est en mutation permanente.

Brest un est objet poétique. Presque par essence. Les textes reçus (et qui arrivent encore) démontrent à quel point la ville demeure un fantasme littéraire puissant. Ce lieu paradoxal qui fut éloigné mais toujours animé d’un étrange dynamisme. Une singularité qui se lit au fil de ces 83 pages…

Des pages qui ne sont que le prélude de cette expérience poétique, amenée à se prolonger sur Les Cosaques, et ailleurs…

Yan Kouton

Laetitia Sanquer – René Chabrière – Nathalie Le Roux – David Jacob – Jean-Yves Cadoret – Iohanan – Romain Fustier – Susanne Derève – Aude Debeaurain – Jean-Claude Bourdet – Sandrine Lefevre – Pierre Mélendez – Jean-Michel Brac – Miguel-Angel Real – Marie-Hélène Prouteau – Jean-Yves Beysseriat – Chantal Bideau – Vincent Blouch – Jean-Jacques Camy – Marc le Pors – Anne Jullien – Cyril Pansal – Christophe Pineau-Thierry – Elise Person – Olivier Parsy – Ségolène Roudot – Valérie Chevalier – Hervé Eléouet – Virginie Seba – Claire Morin – Véronique Brière – Jean-Jacques Brouard – Jean-Charles Paillet – Erwan Bargain – Colin chloé – Dominique Bertrand – Tangi Autret – Bénédicte Perrault – Lancelot Roumier – Cédric Merland – Pierre Vandel Joubert – Eric Tessier – Elisabeth Loussaut- Albertine Dalloway – Sandrine Davin – Patrick Prigent – Yan Kouton – Carol DelageOlivier Cousin

Extrait :

La Pensée Sauvage

Une pensée morte erre dans un nouveau quartier de
la ville…

Elle ne sait pas qu’elle est morte…Elle pense être
partie en voyage…Elle traîne derrière elle
une légère brume blanche qui parfois pleure de ne
pas retrouver son chemin…Elle vient de la mer, de
l’océan plus précisément…
A la manière d’une méduse, elle s’est échouée un
soir sur les lèvres d’un baigneur…Elle avait les yeux
exorbités et la mine ahurie…Toute frêle d’avoir
traversé le bleu et la vie en un battement de
cil…une simple intention…
Ce soir-là, elle aurait pu vivre l’éternité dans le
sourire d’un enfant…Mais cette pensée amère de
n’avoir pas connu l’amour, se résignait à donner au
sombre une lueur d’espoir… « Comment en attendre
plus… ? »
Sans être étouffée d’impatience et déchirée par la
nuit…Que fais je ici ???
Au petit matin de ses points d’interrogations
Après avoir franchie, les doutes, sans réponse elle
vint se glisser dans la mine pâle de quelques
mots…Happée par l’Inspiration comme prise dans
le flot incessant de l’Histoire, fondue dans l’encre
qui la tenait en surface, elle oscillait de courbes en
pics, prise dans l’épaisseur de traits, la délicatesse
des syllabes et le soupir touchant des voyelles
muettes…Elle retrouvait vie comme au premier
jour…
Dans la lumière traversante…
Alors…Lorsque la danse fut finie…
Lorsque la petite musique s’arrêta…
Elle sauta dans un trémolo de voix, suspendu à
l’émoi, puis plongea dans le regard d’un passant !
Il s’arrêta un instant, pris le temps de lire ce que la
pensée avait encore à dire…
Puis sourire en coin, reprit la route de sa
destinée…La fleur au cœur et la pensée vivante
comme jamais dans le creux de sa gorge…
Elle lui appartenait…Le temps d’un voyage…

Texte : Iohanan

Photo de couverture du recueil : Iohanan

« L’imaginaire Poétique de Brest » – Editions QazaQ – Collection Maison Poésie Brest – ISBN : 978-2-492483-66-0