Dans un souffle tu exhales ton odeur
par un trou dans ta chair
minérale manifeste

En contrebas de la falaise
tu as l’allure d’un crâne
colonisé par les lichens

Sous le dur soleil
l’ombre des nuages
explore tes sillons

Un parfum singulier
enveloppe tes parois
Protectrice d’un monde

Perle de serpent
en ton sein désuet
perdue à jamais

Tu portes la montagne
Pensée obsolète
au fleuret de ta peau

Sourd un rêve
solitaire ondulation
de L’anneau de Chillida*

Parfois auxiliaire
ancienne anthropologie
soucieuse de classements

Ordinaires pierre trouées
fossiles de craie blanche
demeure de coscinopores

Ouvrage de zoologie
tu délivre des animaux
aux contours entrelacés

Ton orifice s’enroule
porte des songes
jardin des larmes

Tu écrases le verbe
appauvris mes vers
avant de les embrasser

Ainsi migrateurs
réunis par milliers
sur le fil du destin

Tu écris à l‘horizon
de voluptes d’une
langue désuette

Un vol s’élance
poèmes évanescents
au firmament des brumes

Je regarde ton ventre
écrire ces lignes
sur le parchemin de la vie

Et ton rire n’en dit pas moins
figé à l’aube d’un temps
soucieux de son ombre

Pour une terre possible
Le roc témoigne
Face à la nuit
**

*Marilyne Bertoncini

**Jean Sénac (1926-1973)

Texte/Illustration : Jean-Claude Bourdet