J’ai ma beauté
ancrée au fond de mes yeux

J’ai le regard au bout de mes cils
avide et contemplatif
nue dans le miroir
miroir secret de mon intime

J’ai soudain les yeux baladeurs
lorgnant le grain de mes courbes

J’ai soudain les yeux alpins
gravitant le long de mes formes
lisses et cahoteuses

J’ai soudain les fesses au bout de mes mains
De mes doigts palper leur douceur
Dis tu veux toucher toi qui me lis
Non ce n’est pas pour toi

J’ai soudain les seins au bout de mes mains
globes fondants glabres et délicieux
chair tendre vive et lumineuse
Les tétons coincés au bout de mes doigts
Non ce n’est pas pour toi
toi qui me lis

J’ai soudain la main affamée
traçant vers l’intime
La main étonnée
Un doigt puis 2
pénètrent
Lèvres douces
Fenêtre ouverte
Doigts impatients
explorateurs
voleurs d’intime
Maison délaissée
aux sentiers oubliés
embroussaillés
Porte à ouvrir
Tâter à tâtons
Chercher lumière
les deux mains
affairées
Pousser la porte
dégager l’entrée
tâtonner fourrager
caresser
Vieille maison
vif interrupteur
petit pic dressé
doux arrondi
Les mains se croisent
s’échauffent
s’accélèrent
vont et viennent
courantes alertes
Chair vibre
Chair glousse
Vite vite à tâtons les tétons
Vite vite à tâtons le clito
Le cerner l’embraser
furieusement impatiente
Retrouver les chemins oubliés
Parcourir son espace
Dévaler ses collines
S’enrouler dans son herbe
Frotter dépenailler sa clitoyenne
Course erratique frénétique
fulgurante à petits pas

Laisser les chemins se rencontrer

J’ai
l’inattendu au bout de mes doigts
la lumière
la puissance de ma vie entre mes mains

J’ai la gravité en mon centre
et
perdre le sens de la gravité

Texte : Virginie Seba