Combien de fois ai-je tendu la main
Combien de fois, se suspendait-elle dans le creux entre deux bras ?
Celle qui plane comme une robe délaissée, comme un souvenir muet
Et oublié, dont la flamme on a voulu éteindre
Revenant sans cesse dans le désespoir d’être ranimée.
Dans la plus profonde nuit – ce rayon qui mijotait,
La cire était déjà froide mais le feu crépitait
Dans un passé lointain qui éclaire ma plainte,
Où je substitue aux craintes des prières et multiple les déceptions.
J’aimerais saisir le feu au réveil, quand il est encore chaud et tendre,
J’ai trop froid et jusqu’au cœur mon sang se gèle,
Je ne peux pas, je ne veux pas me mouvoir,
Le jour, le soleil veulent rentrer, mais ferme le cloître –
J’ai très peur de la chute des pierres, de la lumière,
Je préfère rester dans l’enceinte où je peux supplier
Sans jamais perdre l’espoir.
Dans l’abime les braises éclairent la grotte et j’aperçois
Tous les fantômes qui m’ont délaissée – et je m’accroche
Au mur où j’avais inscrit mes plaintes qui pendent
Ces vieilles robes de nuit que je porte dans ma valise
Et qui vont jusqu’aux genoux, lasses et réconfortantes.
Or, le vent pénètre l’enceinte et je tremble sous la chemise
Mes deux bras seulement pour fermer le cloître
En étendant les fantômes
Lorsque le dernier crépitement s’éteint au creux du vent.

Texte : Iren Mihaylova

Illustration : Iren Mihaylova – « L’orage cévenol – Acrylique sur grande toile – 2024