Tu lui posais une couverture après la course. Tu lui disais qu’il était le meilleur au galop.
Tu le réconfortais comme tu pouvais.
Tu lui rappelais les matins et les joies
Comme on le fait avec un ami
Qui va mourir avant soi,
Qui rêve la nuit qu’il va aimer une dernière fois.

À part une couverture
en guise de selle
rien ne séparait
l’amazone du pur-sang
corps libre au galop
dans un soleil couchant
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Te souviens-tu de cette enfance quand de ta couverture posée sur le gazon l’été la vie passait doucement à l’écoute du hit parade d’Europe 1 ? Déjà tu griffonnais des stats, des jeux ou des chansons entre deux parties de raquettes avec ta petite sœur et tes cousines. Et déjà, oui, tu savais que tu n’étais qu’un solitaire voguant sur un radeau de rêves, d’où ton cheval fou s’en allait passer les nuages paresseux de ta Bretagne sans guerre et sans hâte palpables.
Texte 1/Illustration : David Jacob
Texte 2/3 : Eric Tessier