Le recueil de Grégory Rateau, « Imprécations Nocturnes », paru chez Conspiration Éditions, vient d’obtenir le prestigieux Prix Renée Vivien. C’est l’occasion d’en saisir toute l’intensité avec un nouvel extrait :

Tu l’as écrit si souvent

dans des récits minuscules

et aujourd’hui qu’elle se présente enfin à toi

tu feins de ne pas la reconnaître

la coucher là, frivole malgré sa gravité

pour mieux la repousser

terre vaine

l’eau du puits stagne depuis l’enfance

seuls les rocs ruissellent encore

entre deux averses

quand le soleil n’est plus de cire

tu ne veux voir personne

seulement la cendre de tes cigarillos

qui enlumine ton visage de vieux bonze

la littérature te fuit et pourtant

il ne reste qu’elle pour te sourire

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Retours du jury :
« Cette marche forcée de l’homme vers l’homme vous prend corps et âme. Il y a tellement de souffle qui balaie ces vers que l’on a le sien coupé. »
« Beau texte mêlant l’urbain, l’aventure et l’amour. »
« La lumière est là, souvent plaquée par une lucidité nocturne. »
« Un véritable style. Un univers personnel. Un recueil dense, une écriture libre et maîtrisée. »
« Enthousiasmante humeur noire. Un auteur à part entière. »
« Poésie magnifique, flamboyante. Très organique, sensorielle. Tournée vers l’intérieur tout en étant à l’écoute du dehors, de l’autre, des autres. Écho de tant de vies brisées. Le quotidien magnifié. Le poète maudit qui en joue, n’est pas dupe de sa mise en scène… mais il reste la force d’un monde tissé dans la poésie et sa désespérance. Pas un poème sans au moins une fulgurance ! »