1
L’écho de ta voix fait tumulte sur tous les chants, les trembles et le bec des oiseaux. Sur ma peau cette convulsion secrète qui me noue à ton dire. Imperception.
2
Terre des exils dans la passe de nuit, un chemin de ronde visse mon temps et la tête. L’aube à bout décoche son alarme et le corps plie. Lent bandeau sur les yeux, l’univers s’allonge et toise l’infini. Paupières closes et le reste immense, je plonge dans chaque noirceur pour sentir notre portance.
3
La blessure toujours revient comme l’aiguille du temps, implacable seconde qui toque à l’absence. De l’aurore au crépuscule les lèvres du ciel sont rouges. Ai-je un autre incendie qui dévaste ? Ai-je moins fort aimé que ces jointures, briques des doigts quand ils serrent ? Ai-je au cœur la pulpe d’un moindre amour ?
4
Voler ne sert à rien ; mais le vol. Mon tour ne sert à rien ; mais l’ellipse. Brûler ne sert à rien. Et puis cet amour, feu sur de l’eau vive.
5
Prépare la voile. Tends-la d’un océan à l’autre. Cloue-la de piqûres, de punaises, du dard des hommes. Prépare-la d’enduit, de la poix, du blanc de neige. Ne lâche plus ce radeau, sa ligne de flottaison. Dessus ta charge, ta décharge, le sang, le vin, l’inutile des soupirs et ce pesant de corps contraint à toujours couler, toujours tomber. Fais le voyage.
6
J’ai le tournis, le suave tournis des choses qui se lèvent et se couchent comme des soleils multiples. Cercles de limonaire. La vérité sur les épaules est un étrange bagage si pesant si léger, l’entier
disséminé dans les étincelles du monde, et des rames de galère pour avaler la Terre.
7
Le monde est une médaille et le rêve fait sa gymnastique. Le labeur remonte le drap et parce que la madone connaît ta peau, je regarde le ciel. Pourquoi ai-je tant envie de disparaitre ?
8
Lune en rognure d’ongle, comme un bijou sur une paume nègre. Est-ce le monde qui coule ou ce cerceau d’iris ? Naître commence-t-il quand je ferme les yeux et que tombe dans le panier du rêve le mal de vivre ?
Texte : Anna Jouy