Alors que la campagne de financement du très bel album de Jeanne Morisseau, « Les Battements d’Ailes », bat son plein, nous retrouvons un nouveau texte de ce disque majeur. Dans lequel la poésie rock de l’artiste atteint un sommet. Rares sont les disques à mêler, avec autant de justesse, la délicatesse d’une écriture bouleversante, avec des musiques actuelles à la beauté spectrale. L’alchimie est totale, et le voyage poétique inoubliable. Ce rock-là est un trésor, que l’on n’a pas fini de chérir et d’écouter.

Je n’ai pu voir la mer
Il y avait trop de brume
Dans mon cœur légère
Je la redessinais
Ses contours, ses allées
La blancheur de l’écume
Le vert de la forêt
Féerique à souhait
Les fleurs et les oiseaux
Nous faisaient un concert
La magie du très haut
Charmait comme une plume
Et oui je me souviens
De ta présence brune
Tandis que dans le blanc
Deux voiliers s’enfonçaient
Là-bas à l’embouchure
Au-delà de l’estuaire
Le baiser bleu azur
La bouche imaginaire
Je rêvais en secret
À cette couverture
Que tu aurais posée
Sur le grand lit défait
Et nos corps enlacés
Au repos, à la cure
Du plaisir très beau
Que tu m’aurais donné
Dans la réalité
Où tout de nous perdure
Les fantasmes damnés
D’inviolables secrets
Je vous ai embrassé
Très substantiellement
Et notre vérité
De perverse nature
Sème le désir fort
Dans le cœur un aimant
Et voit la mer du nord
Emporter les amants
Texte : Jeanne Morisseau