Le chant les cors l’écorce les corps
le champ le camp les troupes les troupeaux
les mines les champs de mines les visages
les coups l’effroi les tirs les rafales les râles
les larmes les armes blanches les mitraillettes noires
les bombes les tombes les morts les os
le vent le chant les cris les crimes
les chrysanthèmes le souvenir l’oubli
le sel de la terre
le poison des âmes
la toison d’or des braves
l’autel des pauvres diables (pire que des bêtes!…)
nous étions innocents nous n’étions pas des criminels
en joue on joue tu fais le mort je fais semblant
nous étions des enfants nous ne voulions pas faire la guerre
nous étions des humains nous n’étions pourtant pas des bêtes
nous avions un visage un nom un cœur
des parents des frères des sœurs
des amours un amour
nous étions tous un peu candides un peu poètes
croix de bois si je mens je vais en enfer
si je m’en sors?…
alignements de croix blanches à perte de vue
mémorial grandiose pour chair à canon
abyssale stupéfaction
visages à jamais figés dans l’horreur
Texte : Françoise Gérard
mots en force pour accompagner la force de l’image (la force surtout, brutale et absurde, de la chose)
ne pas oublier qu’il y eut tout ça
Des croix à perte de vue sur un texte qui trouve les mots justes.
A reblogué ceci sur Le vent qui souffleet a ajouté:
La der des der…
Tombes au garde-à-vous, mots alignés…