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~ refuge pour les dépaysés

Les Cosaques des Frontières

Archives de Catégorie: Marlen Sauvage

Un jour, une rencontre (2)

05 mardi Mar 2019

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Marlen Sauvage, Un jour une rencontre

Un jour une rencontre 2

Quelque part en Californie. Un « business hotel » pour « business travellers ». Un souvenir coincé dans un espace-temps singulier, toujours prégnant. Au bord de la piscine, un groupe de jeunes hommes et de jeunes femmes, belles et beaux, sûrs de leur pouvoir, de leur savoir… Enjoués, rieurs, aux apostrophes courtoises ou arrogantes et toujours pleines d’esprit… « Witty », c’est ainsi d’ailleurs que tu me qualifiais, t’amusant de mon « english accent » dans cet Ouest américain. Le carrelage brun mouillé glissant sous mes talons, tu m’avais récupérée in extremis de ton bras solide, échangeant un sourire. Tu m’avais regardée arriver, détournant la tête au moment même où je passais le porche mais ce geste de me retenir venait confirmer un désintérêt factice. Dire que j’en étais flattée, oui. Mais au moment où je te saluais d’une bise sur chaque joue, voilà que tu t’empourprais, la blondeur de tes cheveux soulignant ton trouble. Pourtant ton regard bleu restait planté dans mon regard. Seule alors tout habillée autour de la piscine, tu me proposas d’aller me changer dans ta chambre, et m’en remis les clés le plus naturellement du monde. Touchante attention. Aucune arrière-pensée dans ton geste, une gentillesse désarmante, sans faux-semblant. Au moment où je m’engouffrais dans le hall, tu me rattrapais pour un détail… tu espérais que le ménage aurait été fait… tu étais indécis subitement… mais tu me laissas partir. Tu avais bénéficié d’une chambre à deux « Queen beds », dont un supportait ta valise ouverte, des piles de chemises rayées dans toutes les nuances de bleu, de rouge, des sweat-shirts immaculés, une écharpe, deux ou trois cravates – je ne t’avais vu en porter que lors du pince-fesses organisé par la compagnie… D’un regard circulaire, j’observais encore les chaussures cirées à terre, une sacoche, l’ordinateur fermé sur un guéridon près d’un agenda, la penderie et tes vestes. Il émanait une rigueur toute militaire de l’agencement de tes affaires personnelles. Je frissonnai malgré la chaleur. Et malgré moi, je répétai à voix basse – rigueur. Pas une chaussette ne dépassait, pas un pull à la manche retroussée… Je m’engouffrai dans la salle de bains de marbre noir, éclatante de propreté, mais non, aucune serviette roulée… la femme de ménage n’était pas passée. L’espace d’un instant je te vis débarquer derrière le rideau, un couteau à la main, dans un mauvais remake de Psychose. J’éclatais de rire. Sous l’eau fraîche je repassai dans ma mémoire cette soirée au restaurant, où tu m’avais invitée pour me changer les idées, me disais-tu. Tu m’avais parlé de navigation, des courtes nuits suédoises pendant la haute saison, des îles de Finnhamm, Grinda, Utö et Sandhamm, de l’archipel de Stockholm et de ton prochain voyage prévu sur l’île de Gotland, avec ton amoureuse. J’avais souri. Je t’avais questionné sur les paysages, les villages vikings, tu avais évoqué les forteresses médiévales, les phoques de mer, la pêche au homard, les récifs de granit rose…

Et puis le contexte professionnel très vite s’était imposé. Nous étions dans la tourmente, malgré les très bons résultats de la firme. Nous connaissions la suite pour les six prochains mois. Tu affichais un flegme tout british, toi le Suédois surdoué dans ton domaine, qui parlais couramment six langues, certain de ne rien perdre dans les tractations que tu envisageais déjà avec ta direction. J’admirais ta superbe. Jusqu’où jouais-tu ? Nous nous connaissions si peu. Notre relation était celle de deux employés d’une même compagnie, travaillant chacun dans son pays, heureux de se retrouver de temps à autre pour une réunion internationale ici ou là, comme avec bien d’autres collègues. Mais devant le paysage de montagnes noyé dans le crépuscule, alors que tu m’avais raccompagnée à mon hôtel, jaloux de ma limousine que tu avais voulu conduire, tel un enfant capricieux, j’avais ressenti une étrange proximité dans ce partage de la beauté du site et nous avions communié dans un silence magnifique. Ce n’est que bien plus tard, après la débandade, les tourments dus à l’éviction de la moitié du personnel, la déchirure dans cette grande famille à laquelle d’ailleurs je ne me sentais pas appartenir, la recherche d’emploi, quand nous nous étions perdus de vue, que ces souvenirs s’étaient imposés. Avec l’empreinte légère d’un regret. Quelque chose que nous n’avions pas saisi. Une douceur amère. Que dire alors quand je reçus cette notification d’un réseau social m’annonçant que tu avais consulté mon profil, où tu avais laissé une question… Trente ans plus tard, tu réapparaissais dans ma vie ! En quelques lignes nous échangeâmes nos parcours depuis le temps de nos trente ans, avec force smileys souriant à l’avenir. Et puis nous en restâmes là. A ce qui aurait été possible. A la magie du souvenir.

 

Texte : Marlen Sauvage

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Un jour, une rencontre (1)

27 dimanche Jan 2019

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Marlen Sauvage, Un jour une rencontre

marlen-sauvage-Cosaques-Rencontre

Une ancienne cave voûtée dans un petit restaurant de M. Les tables s’éparpillent de part et d’autre le long des murs, laissant l’allée centrale libre à la circulation. L’ambiance est jaune et me rappelle Van Gogh, ce jaune du café d’Arles ; et elle est violette comme les touches de peinture sur l’église d’Auvers-sur-Oise. Les serviettes de table en papier jettent leurs carrés colorés dans la tonalité jaune de la longue salle. Je m’installe à droite en descendant les marches, juste là, près d’une niche dans le mur, éclairée par une lampe au halo diffus, et vous vous installez peu après moi, à gauche en descendant les marches, près d’une niche similaire, éclairée tout pareil.

Un regard, un sourire. Vous êtes jeune, la trentaine, grand, mince, le cheveu en bataille, la chemise bleu profond, et vous jetez négligemment votre veste noire sur le dos de la chaise avant de vous asseoir.

A votre deuxième sourire, je vous adresse la parole. Etait-ce vous qui veniez de tenir ouverte pour moi la boîte à lettres de la Poste, dix minutes auparavant ? Non. Je vous ai confondu avec un autre jeune homme à la même dégaine. Vous souriez encore. Vous me demandez tout à trac si je suis « dans le droit ». J’éclate de rire et, inquiète tout à coup, vous interroge : est-ce que je ressemble à quelqu’un qui ferait du droit ? J’attends votre réponse. Vous ne pouvez avancer un non franc et massif, ce serait en quelque sorte renier votre intuition ; à moins que vous n’ayez posé cette question que pour entrer en relation avec moi ; ou à moins que vous soyez obnubilé par une situation qui ne serait réglée que par « le droit ».

Vous hésitez puis me lâchez le morceau. C’est que vous avez un problème avec votre comptable, vous voulez déposer le bilan de votre petite entreprise et une histoire de factures sans justificatif vous empêche de régler cela rapidement. Comme nous devisons par dessus l’espace laissé libre de l’allée centrale, vite envahi par les clients à cette heure de la journée, je vous propose de vous rejoindre à votre table pour poursuivre notre conversation. Je reprends mon manteau, mes lunettes, En lisant, en écrivant, de Julien Gracq, que je dépose dans la niche près de la chemise bleue, en carton celle-ci – tiens elle est assortie à votre tenue – qui contient les papiers du litige et sur lequel je peux lire le nom de votre entreprise “Pasta Nuova”. Vous avez été militaire, engagé pour deux fois cinq ans, mais vous avez quitté l’armée avant la fin de votre deuxième engagement. L’armée comme solution à une scolarité houleuse d’où vous êtes sorti sans diplôme. Vous vous êtes battu dans une de ces guerres où la France envoya ses meilleures troupes, ses meilleurs hommes. Vous avez vu l’horreur, l’absurdité, et vous n’avez rien supporté de plus une fois que vos yeux avaient été ouverts et votre sensibilité écorchée. Vous avez laissé tous les autres dans cette merde, la leur, puisqu’ils l’avaient choisie et qu’ils étaient incapables de se rebeller, de se poser les bonnes questions, de repérer les manipulations, les biais dans les discours.

Vous êtes parti et vous avez ouvert un commerce de pâtes. Des pâtes fraîches. Aux œufs ?

Ah ! non. Juste avant, vous avez réfléchi, ressassé : que faire de sa vie loin de cette deuxième famille qu’était l’armée pour vous. Car vous ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain. Le bébé, c’était la camaraderie à la virilité fissurée aussitôt qu’un moment de répit s’offrait après les embuscades, les tirs, les fumées, les blessés et les morts, en face les maisons brûlées, les pleurs des enfants, les gens en haillons, le sable et la poussière des maisons écroulées, le sang, la chair en morceaux, les cailloux en feu. Vous avez abandonné ce bébé tout de même. Et vous avez jeté l’eau, définitivement. Croyez-vous.

Vous ne me dites rien de vos cauchemars. Pourtant ils ont éclairé vos yeux noirs d’éclats de bombes sur le métal des casques. J’ai vu la guerre dans vos yeux. Et j’ai serré mes mains l’une dans l’autre à l’abri de la nappe jaune. Vous avez réfléchi pendant un an, dites-vous finalement, réfugié chez Papa et Maman, ces parents dont vous êtes le fils unique et que vous adorez d’un amour massif.

Et vous avez finalement opté pour les pâtes. Aux œufs.

 

Texte et photo : Marlen Sauvage

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Trois caves

06 dimanche Jan 2019

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Marlen Sauvage

marlen-sauvage-cave-Cosaques-2

Etait-ce une cave ? Un réduit sous les marches qui menaient à l’étage. On parlait de « petite cave ».  On y entrait en se baissant, la porte en bois aux lattes réunies par un Z plus foncé était taillée en triangle selon la pente de l’escalier. On y entreposait tout un bric-à-brac inutile de chaises pliables au tissu déformé, aux couleurs passées ; de vieux jouets, de caisses, de cageots, d’outils tellement rouillés qu’ils cloquaient par endroits, la rouille se détachant comme une peau déshydratée, par strates ; de journaux empilés noués avec une ficelle jaunie. Un vrai capharnaüm… Mais au milieu de tout cela, une malle métallique bleue, aux fermoirs cadenassés dont nous avions retrouvé la clé après en avoir essayé tant et tant, rassemblées dans un ancien banneton rond à la robe piquetée de moisissures. Notre joie quand le cadenas avait sauté ! Vite, débarrasser la malle de tout ce qui l’encombre – en posant soigneusement ce « tout » dans un coin du réduit – et impatientes de découvrir son contenu, soulever le couvercle dans un grincement accusateur. Nous avions choisi notre moment pour nous retrouver dans la petite cave, celui de la sieste, en début d’après-midi, quand la chaleur insupportable de l’été obligeait grands et petits à se tenir à l’ombre. Pourtant, nous craignions d’être entendues, et le cœur battant, nous laissâmes le temps filer, quelques minutes sans doute seulement, la main devant la bouche. La malle contenait un trésor, nous ne le mesurions pas. Le courrier de mon père à ma mère durant ses longs mois d’absence, quand il partait en manœuvres ou sur le terrain d’une guerre qui ne disait pas son nom. Le jour s’immisçait par une petite lucarne, et il fallait nos yeux d’enfant pour parvenir à déchiffrer l’écriture penchée du Pater. Notre jeu favori fut celui de compter le nombre de « chérie » « amour » « baisers », et nous ne nous préoccupions pas vraiment de ce qui se disait en dehors de ces mots que nous repérions très vite à leur longueur, en pouffant de rire. Puis cela nous lassa, et nous nous préoccupâmes plutôt de récupérer les timbres ornant chaque enveloppe. C’est ce qui signa la preuve de notre intrusion dans l’intimité de nos parents… Nous entassâmes les vignettes colorées dans une jolie boîte rectangulaire, en carton, bleue comme la malle, trouvée dans le local, enterrée quelques semaines plus tard dans la chênaie… Jamais je ne revis les courriers de la malle, des lettres aux feuillets nombreux, parfois une trentaine par missive. Oubliés dans les grands tiroirs bas d’une armoire, ils furent donnés avec elle à une association caritative, trente ans plus tard, à la mort de mon père.

L’autre cave, la vraie, la grande, de la même maison, se trouvait au rez-de-chaussée, sous le balcon, et s’enfonçait dans la profondeur de la bâtisse. Son entrée, un porche de pierre, fermait par un portail en bois à double battants, où l’on faisait jouer une énorme clé noire, longue, que l’on empruntait uniquement pour aller chercher quelques pommes de terre, une bouteille de vin, voire un morceau de fromage rapporté du Nord, un Vieux-Lille à l’odeur ammoniacale ou une boulette d’Avesnes à la jolie robe paprika que Maman refusait obstinément d’entreposer dans la cuisine. L’humidité ambiante exacerbait leur parfum auquel se mêlait celui du salpêtre qui recouvrait la pierre par endroits. Heureusement, cela ne durait que quelques jours, après les vacances estivales et la tournée familiale en Cateau-Cambrésis. Il y avait là l’établi de mon père qu’éclairait une baladeuse, et sa litanie de clés plates, à mollette, de pinces, les marteaux et les masses, la scie égoïne, les boites de clous, de vis, de boulons… Quelques cartons de vin qui une fois vides accueillaient les portées de chatons, où nous découvrîmes un matin la chienne Dolly, en mal de chiots, qui avait forcé les bords et semblait réjouie de ces petites vies éparpillées sur son poil tandis que la mère chatte était partie chasser. Des étagères couvertes de bocaux de toutes tailles pour les pâtés de porc, de lapin au genièvre, les ratatouilles, les légumes du jardin, les confitures, les coulis. Dans un coin de la cave, au plus noir d’un angle, un petit tas de charbon, de grosses boules polies qui noircissaient les mains et qui disparurent après bien des mois où nous vivions là. Etaient-ce les anciens propriétaires qui avaient parlé d’un trésor ? De la date oubliée de la construction de la maison et d’un baron des Adrets auquel la bâtisse aurait appartenu ? Toujours est-il que nous nous avisâmes un jour de creuser la terre battue ! A trois fois deux petites mains, nous nous répartissions le territoire et grattions le sol avec enthousiasme tout en nous racontant des histoires de chevaliers, de templiers, de soldats du roi… Nous incarnions des hommes, d’ailleurs, je me souviens, jamais des princesses ou des reines ! Toujours est-il que nous exhibions de longues heures plus tard – mais rien ne nous pressait, nous étions des monstres de patience – quatre ou cinq pièces de monnaie datant de Louis XVIII et de Napoléon III. Cela suffit à notre bonheur. La cave recélait tout un monde de petits animaux – cloportes, scorpions, iules – que nous n’avions pas eu le désagrément de croiser au cours de nos fouilles. Une fois prévenues de leur présence, aucun trésor n’aurait plus réussi à nous accroupir des heures durant sur le sol froid de la cave.

Une lumière crue découpait la porte de la cave. La lune ce soir envahissait la cuisine jaune citron et déambulait jusqu’à son entrée. Chaque grain de formica des placards, de la table, des chaises brillait d’un éclat astral. Les yeux apprivoisaient l’ombre. Elle était partout. Sur le réfrigérateur dans l’angle du mur, la boîte à musique avait fini par immobiliser la petite danseuse dans une drôle de posture. Hier, je l’avais saisie instinctivement pour cacher mon émotion à l’annonce de la nouvelle, et le dos tourné aux autres, la petite musique avait étouffé mes sanglots. Enfant, je remontais le mécanisme indéfiniment pour en entendre la comptine cristalline, assise à un coin de la table. Elle me disait qu’ils reviendraient me chercher un jour. Sur le mur, un trait de lune renvoyait le sourire un peu béat de la mariée dans son cadre de bois patiné, et il fallait forcer les yeux à distinguer le marié à ses côtés. Dans l’ombre aussi du buffet des années cinquante, ce biscuit coloré rouge et vert d’une jeune femme alanguie qu’un bélier encorne. J’apprendrai par la suite que la sculpture représentait le Vice. Et je chinerai dans une brocante son double couleur chair, sans bélier, représentant la Vertu. Il ne manquait que le tic-tac d’une horloge qui aurait décompté le temps. J’avançais dans le silence de la nuit claire jusqu’à la porte de la cave. L’escalier se tenait toujours derrière. Je me souviens, je ne le descendais jamais seule. J’accompagnais Mémé pour remplir le seau à charbon afin d’alimenter la cuisinière. Mais l’étroitesse de l’escalier obligeait à descendre l’une derrière l’autre et c’était une entreprise risquée pour les petites jambes d’une enfant de trois ans. La main qui s’accrochait au mur ne pouvait pas glisser tant la paroi était humide, écaillée, bosselée, et les marches inégales réclamaient une attention particulière. Mémé m’encourageait de sa voix chantante. J’avais peur, un peu. La lampe en haut de l’escalier n’éclairait plus guère une fois tout en bas… Seule une lucarne diffusait un halo gris pâle, à cette profondeur du sol, je ne sais d’où provenait ce semblant de luminosité. Mémé, elle, se débrouillait bien ! Penchée au-dessus du tas de charbon, elle m’encourageait à attraper les boules noires et à les déposer dans le seau. Je les prenais avec précaution comme si chacune menaçait de se briser durant leur transit du sol au récipient. Comme elle était gentille, Mémé ! Je ne lui apportais aucune aide, elle attendait patiemment que je relève vers elle mon visage réjoui pour juger que j’en avais assez. Alors nous remontions de cette cave étroite où l’on n’y voyait goutte, et j’ignore encore aujourd’hui ce qui pouvait bien s’y entasser en dehors de ce tas de charbon creusé en son sommet comme un cratère de volcan.

 

 

Texte et photo : Marlen Sauvage

 

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Trois greniers

04 dimanche Mar 2018

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Marlen Sauvage

marlen-sauvage-broderie

Vous me direz que c’est facile, un souvenir de grenier surtout quand il s’agit d’un grenier de grand-mère. Le grenier des clichés… Mais confronté à d’autres, mon souvenir le restitue tel que je vous le livre. Rangé, poudroyant. Un grand grenier au plancher de lattes étroites, aux lucarnes opacifiées par la poussière. Enfant, sans que l’on s’y attende, la grand-mère nous envoie au grenier, il n’y a rien à répliquer, rien à demander, mais pourquoi le grenier ? Fallait-il nous éloigner de la conversation ? Il y avait dans sa voix quelque chose de mystérieux, « allez donc faire un tour au grenier, tiens ! » ou bien le mystère tenait-il à son sourire, elle qui souriait si peu. Il fallait sortir de la ferme, la contourner par la droite, monter les marches de pierre en se tenant à la rampe en fer forgé vert pâle, et puis pousser la porte après avoir soulevé le gros loquet de métal noir. Le rai de lumière qui traversait l’espace entre les poutres et le plancher, en diagonale, était bien là. Le regard des trois petites filles était attiré par une grande malle en osier clair, remplie de tissus, de vêtements, de robes, de manteaux. Tout était si propre et bien plié ! Un rai de lumière et une odeur de vieux livres. Dans un landau bleu à grosses roues de caoutchouc, qui avait dû promener quatre filles au moins, une poupée nous regardait de ses yeux de verre bleu. Plus loin à même le sol, des paquets de vieilles revues tenus par une ficelle, des Modes & Travaux, des patrons. La grand-mère brodait. Elle lisait aussi, dans son lit, loin des yeux de son époux, des romans de Delly. Empilés là, aussi.

Un endroit où l’on ne se vantait pas d’aller. Surtout après la découverte des journaux coquins du monsieur qui avait vécu ici pendant des décennies et des romans-photos que devait lire son épouse. « Amour, mon cher amour », combien de fois l’ai-je dévoré ! Dans une valise, de belles tenues bien coupées dans des tissus de qualité, des robes cintrées à la taille, des fanfreluches en bas d’une jupe, et me revient en mémoire la silhouette de ma mère au soutien-gorge pointu qui lui donnait l’arrogance d’une star… Nous jouions « à la dame » alors et enfilions chemisiers, robes et chaussures à talons pour le plaisir secret de lui ressembler. Comme elle était belle et comme nous l’admirions ! J’ai oublié comment on accédait à cet espace sous les combles… Aucun escalier extérieur dans ma mémoire, seulement peut-être cette ouverture dans le plafond du couloir à l’étage, mais alors il fallait tirer une échelle pour y grimper… Et en dehors de nos lectures avides et de nos travestissements, rien ne se presse parmi les images du passé, rien ne me raconte autrement le grenier que la valise, les images de femmes nues, et les Nous Deux éparpillés par nos petites mains.

Je n’y étais jamais montée. Durant toutes ces années où je leur avais rendu visite, je n’y avais pas songé. Eux non plus qui, à l’âge de la retraite, étaient assez fiers de l’achat de cette fermette en bordure d’un chemin, proche de la ville mais au milieu des prés, voisine de quelques pavillons modernes. J’en avais fait le tour, traversé les pièces en enfilade, jeté un œil au fond du puits, visité les dépendances, mais jamais je n’avais vu le grenier. Debout au milieu de la cour, j’avais pourtant souvent observé la longère et son toit de tuiles plates aux petites ouvertures. Enfant toujours, mais l’enfance avait fui. C’est parce qu’il avait fallu le vider que je m’y étais retrouvée un matin, étourdie encore par la perte de mon père, et je n’avais pu me résigner à jeter d’une main désinvolte le passé de cet homme secret. Assise sur le plancher noueux, j’avais sorti un à un les dossiers des cartons, parcouru chaque page, découvert deux ou trois courriers intimes que j’avais mis de coté, une carte postale vierge que j’avais empochée, retrouvé des états de service de l’armée, des comptes rendus de réunions syndicales, des bilans financiers, des brouillons de vœux d’anniversaire à moi destinés, et l’émotion qui me submergeait m’avait forcée à interrompre un instant le déballage. Je triais ainsi qu’il me l’avait été demandé. Selon mon intérêt aussi. C’est là, dans ce grenier, alors que Le Scorpion ou La confession imaginaire d’Albert Memmi était ma lecture du moment, que je décidais de vagabonder à la recherche de mon père, militaire par nécessité qui, arrivé en Allemagne après la défaite du pays, avait passé dix-huit ans de sa vie dans une famille qu’il s’était choisi.

 

Texte et photo : Marlen Sauvage

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Trois cuisines

06 mardi Fév 2018

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Marlen Sauvage

marlen-sauvage-cuisine-Cosaques

Elle l’appelait la maison jaune. De jaune, il n’y avait que la cuisine, et encore, aucun mur coloré, seulement des meubles en Formica jaune poussin. Une table rectangulaire aux pieds en métal noir – à deux rallonges que l’on tirait le dimanche lorsque la grand-mère recevait l’une de ses filles, ou une sœur et sa famille, pour déguster un poulet rôti, quelques pommes de terre sautées et une savoureuse tarte au sucre ou à l’abricot –, une table où la petite prenait place indifféremment durant la semaine pour les repas, moments toujours longs et ennuyeux, durant lesquels elle balançait ses jambes trop courtes au rythme de la mastication des aliments. Un buffet haut à six portes, jaune aussi, rassemblait la vaisselle du quotidien et le stock d’épicerie. Tout cela existait dans son souvenir comme « la maison jaune » et occupait une place à part. C’était d’abord sa première maison, celle dont elle parvenait à retrouver quelques images issues de sa seule pensée, quelques sensations originelles qu’elle saisissait de toutes les fibres de son corps quand elle plongeait dans le passé. Une cuisine, une cave, une chambre, une rambarde d’escalier. C’était la maison de la tristesse enfouie, la maison des petites histoires de la jolie tante aux yeux noirs, à la taille fine et aux tenues élégantes, de la mémé courageuse et gaie. Et dans la monotonie du quartier aux bâtiments de brique sombre, la cuisine jaune éclairait tout : le ciel bas et blanc, le sol de la cour et ses hauts murs, la grisaille de l’hiver ; elle fardait de lumière sa mélancolie. Dans son souvenir, le sourire de sa grand-mère se tenait dans un univers jaune. Dans la cuisine jaune démarrait vraiment son enfance.

Tu peux à grands pas retourner dans ta mémoire et t’arrêter là, dans cette cuisine rectangulaire au carrelage patiné par les allées venues, où se côtoient à jamais la table ronde, le long buffet en chêne foncé, la cuisinière à bois, la malle peinte en blanc où l’on entreposait les bûches. La pièce profonde est mal éclairée par deux fenêtres étroites qui ouvrent sur le champ à droite de la ferme, un clair-obscur entoure toujours les scènes que tu te remémores ; dans le fond, sur la gauche, le cellier où pendent les charcuteries maison, où s’affinent les fromages, où les paniers débordent d’œufs frais, tandis qu’à droite, la salle de bains brille de toute sa faïence, blanche comme à ses premiers jours. Sur la toile cirée, un cendrier rond, vert bouteille, surmonté d’un chien de plâtre rouge attire ton regard d’enfant. Près de toi, ton grand-père découpe de son Opinel quelques généreuses tranches de saucisson, beurre deux tartines, te propose encore un petit suisse qu’il assaisonne de sel et de poivre, et vous avalez votre petit-déjeuner dans le silence du matin que souligne le carillon. Tout à l’heure, vous irez tous les deux conduire les vaches au pré, repérer les nids de pie, Mirza sur vos talons. Cet homme qui te parais si vieux n’a que soixante-cinq ans, tu en as huit ; il a commencé sa journée à quatre heures ce matin tandis que tu dormais encore, et t’a réveillée trois heures plus tard avec quelques mots d’allemand appris en Allemagne durant ses années de prison, qu’il prend plaisir à répéter de son accent bourguignon. C’est la cuisine des petits-déjeuners avec cet homme sévère et bon, qui t’aimait sans jamais te le dire, les matins de vacances d’avril où il te racontait parfois quelques anecdotes du passé, hochant la tête comme pour se convaincre lui-même qu’il était bien l’acteur de ses histoires. C’est la cuisine au téléphone de Bakélite blanc accroché au mur, aux sabots de bois sur le paillasson, à la casquette à carreaux accrochée à la patère. C’est la cuisine de ton grand-père.

Parmi tes souvenirs de cuisines, il faut grimper sur une chaise pour atteindre la boîte de lait concentré sucré Gloria sur l’étagère du placard enfoncé dans le mur, un péché de gourmandise qui vous vaudra de ne plus jamais goûter à cette douceur pendant votre petite enfance. Ailleurs, le feu flambe dans une cheminée et tes parents discutent du repas du soir, un samedi peut-être, ils t’enverront chercher à l’épicerie du coin de la rue le cervelas « pour étendre le linge », ce que tu demanderas en tout cas à l’épicière du haut de tes cinq ans… Des quelques cuisines suivantes, tu ne te souviens plus, sauf de celle où l’on mangeait une fois par quinzaine des steaks achetés à la boucherie chevaline installée en face des immeubles du quartier. Dans la dernière maison, la cuisine a changé de place, occupant l’étage les premières années, une pièce carrée, la pierre à évier grise dans un coin, le poêle à mazout où se réchauffer l’hiver, le buffet haut en bois peint, la porte d’entrée ouvrant sur le balcon, la table où vous vous appliquiez le soir à faire les devoirs ; au rez-de-chaussée ensuite, quand la voûte en pierre avait été massacrée par les maçons pour transformer cette ancienne chambre en vulgaire cuisine rectangulaire, aux murs rectilignes, blancs, au mobilier de chêne blond, au carrelage de marbre moucheté d’éclats gris et jaunes. La cuisine au lapin brûlé que tu n’avais pas surveillé, aux sablés de la grande sœur, au faux Nutella que vous fabriquiez cachées sous la table, aux soirées de spiritisme où vous faisiez tourner les verres, aux longues discussions philosophiques de retour du lycée, aux bols de chocolat chaud, aux œufs en meurette préparés par ta mère… La dernière cuisine.

 

Texte et photo : Marlen Sauvage

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