A midi sur le port, lorsque les
gens vont et viennent, mangent
et boivent, se mouvant de
manière insouciante dans la
familiarité des jours, je sens
les vibrations que la mer offre,
comme une foule joyeuse, à ma
solitude. C’est dans ce port que
j’ai la sensation de vivre
d’éternité : un vieil immeuble
délavé, une bouée au loin et des
images peintes assez
présomptueuses sont étalés
pêle-mêle devant moi : ces
petits riens m’émeuvent au plus
haut point et me
ragaillardissent. Ils font du
matin un matin chantant. Le
moment que je vis à cet instant
ressemble à une émotion
secrète et cachée, une émotion
qui donne l’envie d’aimer et de
vivre. De même, les odeurs du
port me transportent, quelles
qu’elles soient, les voix du port
montent en moi, voix
d’hommes, de femmes ou
d’enfants mélangés, passants
pressés ou lents, jeunes
femmes et vieux bonshommes.
Cette petite foule est une partie
de moi et, à cet instant où
je suis assis sur ma chaise, elle me
donne des affects qui sont des
consolations. J’ai l’impression
d’écouter une berceuse, de
ressentir d’apaisantes
vibrations dans mon âme. Ces
choses, on les ressent dans un
port : il n’y a qu’à laisser ses
pensées vagabonder, se laisser
porter par le bruit doux
d’une ville douce. Les humeurs
marines qu’on éprouve dans un
port rendent les choses belles et
simples. Une simplicité savante
car seul celui qui tend l’oreille
et sait regarder avec les yeux de
la connaissance comprend que
les choses laides n’existent plus
là où le réconfort et les bruits
de la vie, les bruits du port, se
donnent à vous.
Texte : Mikel Benoit – Remerciements à Nolwenn Benoit